La première université canadienne au nord du 60°

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L’histoire du Collège du Yukon et sa transition historique en vue de devenir l’Université du Yukon.

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Image reproduite avec l’autorisation de www.archbould.com

Le Canada accueille un peu moins de 100 universités différentes.1 La liste de ces établissements d’enseignement postsecondaire est robuste et diversifiée, et témoigne d’une offre incroyablement étendue de programmes, de disciplines et de domaines d’étude. En début d’année prochaine, un ajout historique à cette liste se fera avec l’ouverture de l’Université du Yukon — la toute première université canadienne au nord du 600.

Après huit ans de gestation — et fort d’un demi-siècle d’appui populaire pour une université dans le nord du Canada — les visions pour l’Université du Yukon (Yukon University) sont sur le point de se concrétiser au printemps de 2020. Le modèle de l’institution mise sur la prestation d’un établissement d’études postsecondaires flexible comportant des options pour chaque apprenant et sa mission est d’offrir plus d’opportunités aux étudiants — qu’ils proviennent de collectivités locales, de partout au Canada ou de l’étranger — en vue d’une immersion dans la recherche et des études pertinentes et uniques pour le Nord.2

dr karen barnes headshot Dr. Karen Barnes

L’équipe de Perspectives a récemment interviewé Dre Karen Barnes, présidente et vice-doyenne du Collège du Yukon, afin d’en apprendre davantage sur l’histoire de l’Université du Yukon et sa vision pour le futur. Dre Barnes est présidente du collège depuis 2011 et préside les comités de direction du Yukon Research Centre et du Northern Institute of Social Justice. Elle a aussi coprésidé le comité de Collèges et Instituts Canada qui a développé le Protocole sur l’éducation des Autochtones pour les collèges et instituts. Elle collabore actuellement avec d’autres présidents de collèges et d’universités au Canada afin de mieux faire connaître le profil de collèges servant les collectivités rurales et éloignées.

Les racines du changement

L’histoire des études postsecondaires au Yukon remonte à l’année 1963, avec la fondation à Whitehorse du Collège du Yukon (alors connu sous la désignation de Yukon Training and Vocation Centre), une école principalement à vocation professionnelle destinée à aider les résidents du territoire à se préparer au marché de l’emploi. Au cours des années 60 et 70, des discussions ont eu lieu pour en faire plus qu’un programme professionnel, et au cours des années 80, la conversation s’est amorcée pour offrir des diplômes en partenariat avec d’autres universités. (Depuis, le collège a ajouté trois diplômes en partenariat (lesquels se concentrent sur l’éducation au nord, le travail social et les sciences de la conservation et de l’environnement nordique), ainsi que de deux diplômes conçus au Yukon qui se concentrent sur la gouvernance autochtone et l’administration des affaires.)

« Il est aussi important de reconnaître que le Yukon est unique en raison des Premières Nations et de leur relation avec ce territoire, » de commenter Dre Barnes. En 1973, les chefs des Premières Nations du Yukon ont approché le gouvernement canadien afin de commencer à négocier des accords de revendications territoriales et d’autonomie gouvernementale au nom de l’ensemble de la population des Premières Nations du Yukon et, au cours des 20 années suivantes, un cadre a été établi pour la mise en œuvre de négociations et d’accords. Depuis, 11 des 14 Premières Nations se gouvernent de façon autonome, et le Yukon est considéré comme un chef de file en matière de revendications territoriales et d’autonomie gouvernementale des autochtones au Canada.3 « Cette relation est très particulière et très forte, et en tant qu’institution, cette relation nous a façonnés — les Premières Nations autonomes jouent un rôle essentiel au niveau de notre conseil des gouverneurs, de nos comités consultatifs et du corps professoral, » d’ajouter Dre Barnes. « Il s’agit là d’une des principales raisons pour lesquelles cette université est si importante, et toutes ces instances ont été très impliquées dans l’élaboration de notre vision pour l’Université et de ce qu’elle adviendra et représentera. »

Un tremplin pour la transition

C’est en 2011 qu’un premier projet a été présenté pour l’Université du Yukon et qu’une planification initiale a commencé à être élaborée avec le gouvernement du Yukon en vue de la transition d’un collège à une université.

« Au final, il s’est agi d’un processus complexe et évolutif, mais dès le début, lors de la détermination d’une vision pour l’Université du Yukon, offrir le plus de flexibilité possible a été notre toute première priorité de même que bâtir une institution à partir des forces existantes du collège, » de noter Dre Barnes. « Dans le cadre de cette transition du collège actuel à une université, nous tenions aussi à nous assurer de pouvoir continuer à offrir des programmes d’études susceptibles de satisfaire les besoins de chaque type d’étudiant. En considérant tous ces aspects, le plan de développement depuis sa genèse a été conçu de sorte que l’Université du Yukon puisse exister en tant qu’université “hybride”. »

Des partenariats de financement ont aussi joué un rôle essentiel dans l’actualisation des visions de l’université. Comme l’explique Dre Barnes, « Grâce à ces partenariats, nous avons pu saisir des opportunités pour développer des initiatives et des programmes innovants ainsi qu’un plan directeur d’aménagement du site. C’est ainsi que nous en sommes venus à réfléchir à la façon dont nous voulions amener les connaissances traditionnelles sur le campus et à y intégrer l’environnement, l’extérieur et la spécificité du territoire. »

Tout au long de ce périple vers la transition, il y a eu plusieurs jalons et un qui demeure mémorable pour Dre Barnes est le regroupement de tous les gouvernements au Yukon en vue d’actualiser collectivement cette vision. « Nous tenons beaucoup à mettre l’emphase sur ce que cette université sera en mesure de faire pour la collectivité aussi bien que pour le pays. Toutes les parties impliquées tiennent à faire en sorte que tous reconnaissent qu’il ne s’agit pas que d’une université pour le Yukon, mais plutôt de l’université canadienne pour le Nord. »

Domaines de programmes

En tant qu’université hybride, l’Université du Yukon conservera les programmes existant déjà au Collège du Yukon, et les étudiants auront accès à tout, depuis le rattrapage scolaire jusqu’aux diplômes et titres. À partir des bases solides du Collège du Yukon en matière de recherche et d’éducation, l’Université du Yukon ciblera trois domaines d’intervention : les changements climatiques et l’environnement; l’autodétermination et l’autonomie des autochtones; et le développement durable de ressources, la technologie et l’innovation.

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Image reproduite avec l’autorisation de www.archbould.com

Dre Barnes explique que l’objectif visé avec ces champs d’intérêt est d’offrir des programmes d’études axés sur les enjeux nordiques et intéressants pour les résidents du nord, tout en proposant de la recherche et des programmes d’études pertinents et précieux pour le reste du Canada et d’autres régions du monde.

Comme elle l’explique, « Lorsqu’il s’agit des changements climatiques, par exemple, dès les tout débuts, nous nous sommes penchés sur des éléments tels que le pergélisol—son impact sur les infrastructures, les terrains et les animaux — et les mesures d’adaptation pour les communautés, et nous espérons devenir un centre d’excellence dans ce domaine. Le nord se réchauffe plus vite que le sud et les impacts des changements climatiques pourraient s’avérer désastreux. Il y a des solutions en recherche qui sont requises dès maintenant, et ce, tout aussi bien partout au Canada qu’à l’échelle internationale. Quelqu’un doit étudier ce phénomène et innover en la matière, et, à ce titre, le Yukon est l’endroit idéal pour le faire. Grâce à nos programmes, nos installations, notre technologie et notre expertise académique, l’Université du Yukon pourrait devenir une institution de pointe et une pionnière en la matière. »

Il en est de même pour le développement durable de ressources. Depuis longtemps déjà, le Collège du Yukon appuie des projets de recherche et offre des programmes sur le développement durable et la saine gestion des ressources du territoire. Dans une perspective d’avenir, l’objectif de l’Université du Yukon est d’offrir une gamme plus étendue d’opportunités de formation, et de combiner la formation et la recherche de façon à mettre encore plus d’emphase sur les pratiques durables et stimuler l’innovation dans des domaines tels que les énergies alternatives, la bioremédiation et la remise en état des mines.

Toujours selon Dre Barnes, l’autodétermination et l’autonomie des autochtones ont connu un succès incroyable au Yukon; ceci étant, elle est d’avis qu’ils sont bien positionnés pour offrir de l’éducation, leur expertise et leurs connaissances à d’autres. « Notre baccalauréat ès arts en gouvernance autonome des autochtones a été lancé en 2018, et notre espoir est qu’en attirant des étudiants et des chercheurs de partout au pays et en les formant pour travailler dans ces gouvernements, qu’ils seront aussi en mesure de mettre en place des accords de gouvernance autonome dans d’autres domaines d’activités. »

Pour chacun de ces domaines spécialisés de la programmation d’activités, Dre Barnes a tenu à réitérer que le mot d’ordre a toujours été à savoir : « Que pouvons-nous apprendre et que pouvons-nous enseigner aux autres régions du Canada et au monde ? »

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Trouver sa place

Dans les premières étapes des discussions sur le projet d’université avec des interlocuteurs non résidents du Yukon, les personnes impliquées ont vite réalisé qu’un des plus grands défis était la perception courante voulant que le Nord soit homogène de même qu’une incompréhension quant aux différences chez ses résidents, de l’autonomie des Premières Nations et de leurs besoins différents. Comme l’explique Dre Barnes, « Le défi a été de trouver un juste équilibre : de faire en sorte que les gens comprennent la spécificité du Yukon et de ses habitants tout en reconnaissant ce que ceux-ci avaient en commun avec d’autres parties du Nord et du reste du Canada. »

« Tout au long de ce processus, nous étions très conscients et avions à l’esprit que chacun des autres territoires du Canada aspirait aussi à des opportunités d’études supérieures. Étant la première université établie au nord du 600 est un succès énorme et nous en sommes très fiers. Par la même occasion, nous reconnaissons la signification et l’importance d’une telle croissance et de transitions comme celles-ci pour d’autres régions du Nord. »

Créer un impact aux niveaux local, national et au-delà

« Pour les Canadiens, je crois qu’il est important qu’ils comprennent que les résidents du Nord ont toujours eu à se rendre dans le Sud pour leurs études supérieures, et ce, même lorsqu’il s’agissait d’étudier des enjeux auxquels fait face le Nord, » de préciser Dre Barnes. « Avec l’Université du Yukon, ils peuvent maintenant en apprendre sur leurs propres domaines d’intérêt tout en étant en immersion dans la collectivité; l’université et les opportunités qu’elle offre aidera à donner la chance aux résidents nordiques de définir ce que deviendra le Yukon dans le futur et au Nord de grandir et de s’épanouir. »

En résumant ce que cette université signifie pour la collectivité locale et au-delà, Dre Barnes a un message marquant à cet effet : « Lorsqu’on y pense, toutes les grandes villes au monde accueillent des universités réputées, et les universités aident à stimuler la croissance, les affaires et les infrastructures grâce à leurs programmes éducatifs. Ces programmes éducatifs stimulent aussi le développement économique et social, et je crois que l’Université du Yukon attirera plus de gens au Yukon et dans d’autres régions du Nord également. »

« Le Nord du Canada est une région attrayante qui comporte de très nombreuses caractéristiques susceptibles d’attirer des apprenants, non seulement pour des programmes d’intérêt ici, mais également pour des expériences et des apprentissages susceptibles de s’appliquer partout au Canada et même à l’étranger. Je ne le répéterai jamais assez souvent — le potentiel du Nord est vraiment incroyable. »

Pour plus d’information, veuillez visiter les sites Web du Collège du Yukon ou l’Université du Yukon.

Références :
  1. UNIVERSITÉS CANADA. Effectifs par université, 2018, [En ligne]. https://www.univcan.ca/fr/universites/statistiques/effectifs-par-universite/ (Consulté le 19 février 2019).
  2. YUKON UNIVERSITY. [En ligne]. http://yukonuniversity.ca/yukonu [Anglais] (Consulté le 19 février 2019).
  3. YUKON FIRST NATION SELF-GOVERNMENT. Infographic on Yukon’s history of land claims and self-government, [En ligne]. https://mappingtheway.ca/stories/infographic-yukons-history-land-claims-and-self-government-0 [Anglais] (Consulté le 19 février 2019).

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