De nombreux obstacles nous empêchent de discuter de la question de l’héritage. Voici trois façons d’aider notre famille en prévision de ce jour.
Le bon sens porte à croire que l’élément le plus important de la planification successorale consiste à préparer et à structurer les actifs familiaux dont les membres de la famille hériteront. Le rôle de la communication est tout aussi important : il est essentiel de veiller à ce que les canaux de communication soient ouverts entre la génération qui constitue le patrimoine et celle qui en héritera. Toutefois, on omet souvent d’engager un dialogue ouvert au cours du processus de planification d’un héritage.
Selon le sondage sur la transmission d’un patrimoine et l’héritage que nous avons mené auprès de 1 054 Canadiens, de nombreux Canadiens fortunés reportent la discussion sur l’héritage ou prévoient ne donner aucune formation à ce sujet à la prochaine génération. Il s’ensuit malheureusement que les héritiers risquent, lorsque le moment sera venu, de ne pas être prêts à assumer la responsabilité de gérer le patrimoine familial et de le préserver pour les générations suivantes ou d’être mal outillés pour le faire.
Il y a bien des façons de transmettre ses connaissances financières, comme faire appel à des spécialistes de l’extérieur et faire acquérir à ses enfants une expérience pratique de la gestion de certains actifs. En fait, il est possible d’utiliser un moyen beaucoup plus simple pour commencer à transmettre ces connaissances, comme tenir périodiquement des réunions familiales, indique Sonia Park-Root, vice-présidente et experte-conseil, Banque privée, RBC Gestion de patrimoine – Toronto. « Les réunions familiales offrent la possibilité d’ouvrir le dialogue de la manière choisie par la famille. »
Notre étude a recensé trois principaux obstacles à l’amorce de conversations sur l’héritage et la planification de patrimoine : certains parents disent que leurs plans ne sont pas encore arrêtés, alors que d’autres pensent que leurs héritiers sont encore trop jeunes ou ne sont pas prêts à engager de telles conversations, ce qui pourrait être attribuable à un manque de maturité ou à d’autres facteurs non liés à l’âge. Le principal obstacle, soit l’inachèvement des plans de transfert de patrimoine, fait l’objet d’une analyse détaillée dans le Rapport sur le transfert de patrimoine. Voici trois stratégies que les familles peuvent utiliser pour surmonter les obstacles à l’amorce d’une discussion sur la planification d’un héritage.
Plus du quart, ou 27 %, des Canadiens sondés ont indiqué que l’âge était un obstacle important. Mais à quel point en est-ce vraiment un ? Selon Beth, répondante au sondage qui dirige une entreprise du secteur de la formation en finance et en ressources humaines à l’intention des familles, les gens devraient commencer à inculquer des notions financières de base à leurs enfants dès l’âge de cinq ans. « Les familles qui commencent à enseigner leurs valeurs en matière de finance à leurs enfants lorsqu’ils ont entre cinq et neuf ans peuvent réussir si elles répètent constamment leurs propos. Lorsqu’ils ont dix ans, il convient de passer aux notions financières essentielles que sont l’épargne, les dépenses et le partage. »
Notre étude montre clairement qu’il est mieux de commencer tôt. De fait, il y a une corrélation étroite entre la précocité de la formation et la confiance acquise, puisque 66 % des répondants qui ont commencé à recevoir une formation financière structurée avant 18 ans disent avoir confiance en eux en ce qui a trait aux questions de patrimoine.
Colin, autre répondant au sondage et dirigeant du bureau qui gère les actifs considérables de sa famille, a été initié aux finances lorsque sa grand-mère lui a donné une résidence d’été. Il était alors âgé de huit ans. « Mes parents étaient furieux », se remémore-t-il. Sa grand-mère lui a dit que quelqu’un voulait acheter la résidence et lui a montré la marche à suivre pour prendre des décisions. « Elle m’a guidé pour que je prenne les meilleures décisions possible et j’ai absorbé toutes ses connaissances dans mon petit cerveau. »
Mme Park-Root approuve la démarche et souligne que même si Colin constitue une exception, il est sage de commencer tôt à donner une formation financière à la génération suivante. « En ce qui a trait aux discussions, je pense qu’on peut commencer lorsque les enfants sont très jeunes. J’ai collaboré avec des clients qui ont commencé à discuter de ces sujets avec leurs enfants lorsque ceux-ci venaient à peine d’avoir dix ans. L’âge des enfants au moment du début de la formation financière dépend en grande partie de la situation familiale. Si les enfants sont déjà des adultes lorsque le patrimoine familial atteint une valeur appréciable, l’approche à adopter peut différer de celle qui convient à une famille dont le patrimoine est considérable à la naissance des enfants. « Je n’ai pas de règles absolues quant à l’âge que devraient avoir les enfants parce que chaque famille est différente. »
Dans les familles qui possèdent un patrimoine multigénérationnel, la démarche de sensibilisation des enfants à leurs responsabilités comporte souvent deux volets : les parents doivent préparer leurs enfants à prendre possession du patrimoine familial, de même qu’à composer avec l’attention dont ils sont susceptibles de faire l’objet en raison de leur situation financière. « Même si les parents n’entreprennent pas de discussions sur le patrimoine familial, leurs enfants pourraient apprendre qu’ils viennent d’une famille riche de la bouche d’autres personnes. Dans un tel cas, les parents voudront certainement s’assurer que leurs enfants l’apprennent de leur bouche », précise Mme Park-Root.
Même quand les enfants sont visiblement prêts à acquérir des connaissances financières, il peut être difficile d’aborder la question de l’héritage. Au lieu d’aborder la question dans un cadre officiel, on peut simplement avoir des conversations régulières sur l’argent et le patrimoine autour de la table, à l’épicerie, au magasin de jouets ou lorsque l’occasion se présente. Le secret de la réussite ? Favoriser une ambiance décontractée et s’assurer que les enfants se sentent libres de poser des questions et d’exprimer leur pensée. Mme Park-Root recommande de débuter par des notions simples, telles que l’épargne et les dépenses, avant de passer à celles qui sont plus complexes. Les parents qui souhaitent avoir régulièrement des discussions sur l’argent avec leurs enfants pendant le souper peuvent avoir avantage à penser au préalable à quelques sujets précis.
Une autre option, à caractère plus officiel, consiste à tenir des réunions familiales, lesquelles sont une excellente façon d’établir des communications suivies entre les membres de la famille. « Rien ne nous oblige à divulguer des chiffres pendant les réunions familiales, explique Mme Park-Root. L’important, c’est de favoriser un dialogue ouvert sur les notions financières, les principes patrimoniaux, l’objectif et le partage des valeurs familiales. » Si les parents ne se sentent pas assez à l’aise pour diriger la réunion, Mme Park-Root leur recommande de faire appel à un conseiller qui les aidera à en établir l’ordre du jour, l’animera et y apportera une touche professionnelle.
Imran, ancien spécialiste des services de banque d’investissement et répondant au sondage, discute régulièrement de finance avec ses cinq fils de 21 à 31 ans. « […] nous nous demanderons toujours si les enfants sauront comment gérer cet argent. Sauront-ils quoi en faire ? Le gaspilleront-ils ? Par chance, ils s’adressent toujours à moi », dit-il, en partie grâce à son expérience en finance. « Je donne mon opinion, mais je ne leur dis pas qu’ils se trompent. »
Ceux qui ont une entreprise familiale sont avantagés, puisque la participation des enfants dans l’entreprise offre un excellent moyen de leur faire acquérir le sens des responsabilités et de leur transmettre des connaissances financières, peu importe leur âge. Bien que seulement 11 % des Canadiens sondés aient reçu une formation en participant à l’entreprise familiale, près des trois quarts de ceux qui l’ont fait ont jugé qu’il s’agissait d’un moyen efficace d’améliorer leurs connaissances financières. Mme Park-Root recommande de commencer par offrir aux enfants des emplois d’été de niveau débutant, puis d’accroître l’importance des tâches. « Lorsque l’intérêt des enfants à l’égard de l’entreprise grandit, les parents peuvent commencer à intensifier la formation et l’encadrement. »
Les familles qui n’exploitent pas d’entreprise peuvent trouver utile de faire appel à une personne de l’extérieur, comme un mentor, un ami de la famille ou un conseiller de confiance, pour ouvrir le dialogue sur les finances familiales et les responsabilités qui s’y rattachent. Une autre stratégie consiste à faire participer les enfants aux activités philanthropiques de la famille, qui sont susceptibles de les intéresser davantage que la gestion du patrimoine. Ainsi, Mme Park-Root a collaboré avec une famille qui a mis sur pied un projet à l’intention des enfants défavorisés, dans lequel le désir de prendre un engagement communautaire a permis de sensibiliser les enfants aux questions d’argent et à la valeur des activités de bienfaisance.
La planification patrimoniale et successorale consiste traditionnellement à préparer les actifs en prévision de leur transfert à la génération suivante. Mme Park-Root aime pour sa part inverser cette affirmation pour insister sur le fait qu’il est tout aussi important de préparer la génération suivante à recevoir les actifs. « Nous conseillons aux parents de commencer à préparer les actifs pour leurs enfants, tout en préparant leurs enfants pour les actifs », explique-t-elle. Les gens souhaitent que la génération suivante soit capable de gérer le patrimoine familial de façon responsable et conforme aux valeurs familiales. Ils ont donc besoin de faire les deux. »
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