Les soins de longue durée à votre façon : planifiez dès maintenant vos soins futurs

Planification patrimoniale
Perspectives

Il est difficile de parler de la manière dont on souhaite vivre le dernier chapitre de sa vie et de ce qui arrive après son décès. C’est un sujet tabou dans de nombreuses familles. Découvrez comment la tenue de ces conversations difficiles dès maintenant contribue à l’autonomie des Canadiens lorsqu’ils seront âgés.

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De nombreux Canadiens sont fiers du système de santé de leur pays et comptent sur lui pour les aider en cas de blessure ou de maladie. Les frais médicaux ne sont toutefois pas tous couverts, notamment ceux liés au soutien et aux traitements particuliers dont on peut avoir besoin en vieillissant.

« Beaucoup de personnes ne réalisent pas que les soins de longue durée, et plus particulièrement les soins à domicile, ne font pas partie des programmes garantis et subventionnés par l’État », déclare Michael Nicin, directeur général du National Institute on Ageing (NIA) de l’Université métropolitaine de Toronto, un groupe de réflexion sur les réalités des personnes âgées au Canada.

« Souvent, les personnes âgées autonomes peuvent obtenir un peu d’aide des programmes publics pour rester chez elles le plus longtemps possible. Cependant, elles doivent assumer une grande partie de leurs dépenses : il faut donc absolument disposer des ressources nécessaires. »

La couverture des frais médicaux à mesure que nous vieillissons constitue une préoccupation grandissante étant donné qu’ils sont de plus en plus élevés, que l’espérance de vie augmente et que le nombre de personnes âgées ne cesse de croître au Canada.

Selon le NIA, le nombre de Canadiens âgés de plus de 85 ans devrait atteindre 2,6 millions d’ici 2050, comparativement à environ 844 000 aujourd’hui. Une étude du NIA révèle également que pendant la même période, les dépenses en matière de soins de longue durée devraient plus que tripler et s’établir à 71 milliards de dollars.

Les Canadiens peuvent espérer vivre plus longtemps et en meilleure santé que les générations précédentes. Toutefois, selon M. Nicin, ils doivent s’attendre à avoir besoin de certains soins à partir de 80 ans.

« Le fait de vivre plus longtemps signifie que dans tous les cas, vous aurez probablement besoin d’un certain niveau de soins pendant 10 ou 15 ans, explique-t-il. Personne ne passe directement d’une autonomie totale et d’une bonne santé à l’admission en maison de retraite. Il y a généralement une progression. Parfois, on commence par quelques heures de soins à domicile. » Un soutien plus important peut être nécessaire selon vos besoins.

Planifier pour préserver la dignité

Nicin et le NIA encouragent les Canadiens à planifier les coûts liés au vieillissement, notamment en déterminant le niveau de soins qu’ils souhaitent et le rôle que peut jouer la famille. Il déclare que le processus de réflexion nécessite de se poser la question suivante : « Que signifie vivre dans la dignité pour moi ? »

« Je pense donc qu’il faut avoir ces discussions le plus rapidement possible, rencontrer des conseillers financiers et s’entretenir avec ses médecins pour recevoir des conseils sur la planification de vos propres soins. Vous devez ensuite demander à votre famille de se joindre à la discussion pour lui exprimer vos volontés et vos souhaits, affirme M. Nicin. La dignité, c’est prendre votre vie en mains. »

Il conseille aux Canadiens de commencer à planifier dans la trentaine et dans la quarantaine, alors qu’ils progressent sur le plan professionnel, gagnent plus d’argent et épargnent pour l’avenir.

« Je crois que nous devons commencer le plus rapidement possible ; il ne s’agit pas là seulement d’un cliché, précise M. Nicin. Si vous attendez jusqu’à la cinquantaine ou la soixantaine pour déterminer la nature de vos ressources en matière de soins de santé, il sera probablement déjà trop tard. »

En outre, plus vous attendez pour planifier les dernières étapes de votre vie (p. ex., centre de soins de longue durée ou soins à domicile), plus vous risquez qu’une autre personne doive prendre cette décision en votre nom.

« Pour s’assurer une fin de vive digne et autonome, il est important de prendre le taureau par les cornes et de dire : voilà le genre de vie que je veux avoir !, déclare Michael Nicin. C’est ce que nous faisons pour tous les aspects de notre vie ou presque, qu’il s’agisse de planification familiale, des écoles que nous choisissons de fréquenter et des personnes avec qui nous passons du temps. Pourtant, nous ne le faisons pas en ce qui concerne les derniers stades de notre vie. »

Pour Leanne Kaufman, présidente et chef de la direction de RBC Trust Royal, une division de RBC Gestion de patrimoine, les Canadiens qui veulent se donner les moyens de vivre comme ils le souhaitent à la retraite et quand ils seront âgés devraient faire appel à un conseiller. RBC Gestion de patrimoine a récemment formé un partenariat avec le NIA afin d’aider les Canadiens à se préparer aux défis financiers et liés à la santé qui les attendent en vieillissant.

Mme Kaufman recommande aux Canadiens de travailler avec un conseiller en patrimoine afin de s’assurer qu’ils disposeront des fonds suffisants, au besoin, pour assumer des frais médicaux, comme ceux associés aux soins de longue durée. Les conseillers, en collaboration avec des avocats et d’autres professionnels, peuvent également aider les personnes à rédiger des directives pour les soins de santé, en plus des testaments et des procurations qui constituent une partie essentielle de tout plan de patrimoine et de soins de santé.

« Ainsi, vous pouvez choisir comment et où vous vivrez le dernier chapitre de votre vie », explique-t-elle.

Mme Kaufman recommande également aux personnes de revoir régulièrement leurs plans de gestion des soins de santé et du patrimoine, notamment en cas de changements importants dans leur vie, comme un mariage, un divorce ou un héritage.

« C’est un point très important : le plan doit rester d’actualité et être revu quand les circonstances changent », déclare-t-elle.

Une conversation difficile

Selon M. Nicin, il est difficile de parler de la manière dont on souhaite vivre le dernier chapitre de sa vie et de ce qui arrive après son décès. C’est un sujet tabou dans de nombreuses familles.

« Nous avons une peur viscérale de la mort et nous n’aimons pas en parler, explique-t-il. Nous sommes civilisés. Nous devons surmonter une barrière psychologique pour parler du fait que, en effet, nous vieillissons. Ce n’est pas toujours agréable. »

Certains parents hésitent à amorcer la conversation avec leurs enfants adultes, car ils ne veulent pas représenter un fardeau ; d’autre part, certains enfants adultes ne veulent pas penser à la vieillesse de leurs parents.

« Ils veulent croire que les choses seront toujours agréables et parfaites, précise-t-il. Nous devons vaincre notre réticence à aborder le sujet. »

Le fait d’avoir la conversation plus tôt laisse également plus de temps aux personnes pour planifier leurs besoins et leurs volontés durant les dernières étapes de leur vie.

« Aujourd’hui, vous pouvez probablement faire quelque chose pour votre avenir, même s’il ne s’agit que d’entamer la conversation avec votre conjoint, avec vos enfants adultes ou avec un ami de la famille, affirme M. Nicin. Parlez-en dès maintenant ; vous n’aurez plus à vous en inquiéter plus tard, lorsque vous ne pourrez peut-être plus le faire. »


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