Porter attention aux déclencheurs pour l’Europe

Analyse
Perspectives

En raison de facteurs structurels défavorables, nous avons commencé à sous-pondérer les actions européennes en décembre. Pourtant, un certain nombre de catalyseurs pourraient se présenter au premier trimestre et être bien accueillis par les marchés boursiers. Nous examinons les occasions qui pourraient se présenter pour les actions européennes.

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16 janvier 2025

Frédérique Carrier
Première directrice générale et chef, Stratégies
de placement - RBC Europe Limited

Droits de douane américains : plus de bruit que de mal?

Les droits de douane que le président élu des États-Unis, Donald Trump, a menacé d’imposer à l’UE pourraient nuire considérablement à une région aux prises avec une faible croissance économique. Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs Inc., calcule que deux ans après la mise en œuvre d’un tarif douanier général de 10 %, le PIB de la zone euro serait inférieur de 1 % à ce qu’il aurait été autrement.

Reflétant les préoccupations liées aux droits de douane, les prévisions consensuelles de croissance du PIB pour la zone euro pour 2025 ont été légèrement revues à la baisse, passant de 1,2 % à 1 % depuis les élections américaines de novembre.

L’approche transactionnelle de Trump nous donne à penser que des négociations pourraient être possibles. En accordant certaines concessions aux États-Unis, comme une augmentation des dépenses de défense ou l’achat d’une plus grande quantité de pétrole et de gaz naturel liquéfié américains, l’UE pourrait être en mesure d’éviter le pire scénario d’une intensification de la guerre commerciale ou de limiter les secteurs touchés par les droits de douane.

Compte tenu de l’inquiétude des investisseurs à l’égard des répercussions des droits de douane sur la région, des résultats relativement favorables de ce genre (qui pourraient ne se produire qu’après des négociations acrimonieuses) seraient probablement un soulagement pour les marchés, selon nous.

Élections fédérales allemandes : une aube nouvelle?

Les élections qui auront lieu le 23 février sont cruciales, étant donné que l’économie allemande, la plus importante de l’UE, peine depuis la fin de la pandémie. En raison du peu de grands points communs sur le plan idéologique, la coalition de trois partis qui gouverne le pays depuis 2021 s’est révélée inefficace pour corriger la situation.

La coalition s’est finalement effondrée, incapable de parvenir à une entente pour mettre en œuvre les mesures de relance budgétaire dont l’économie avait tant besoin. Il n’a pas été possible d’engager des dépenses supplémentaires en raison du « frein à l’endettement », la mesure enchâssée dans la constitution allemande qui limite le déficit à un strict 0,35 % du PIB par année. Modifier cette règle exige une majorité élevée de deux tiers des députés, un seuil impossible à atteindre jusqu’à présent.

Selon les sondages, un vent de changement approche. L’alliance de centre droite conservatrice entre l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU) et l’Union chrétienne sociale en Bavière (CSU) devrait recueillir le plus de votes, sans toutefois obtenir la majorité. Une coalition avec le Parti social-démocrate (SDP) de centre gauche en tant que partenaire minoritaire est le résultat consensuel – une telle coalition a gouverné efficacement dans le passé.

La distribution probable des sièges au parlement allemand pourrait permettre une modification du frein à l’endettement

Distribution probable des sièges au parlement allemand

Le graphique à barres montre la répartition probable des sièges au parlement allemand après les élections. Selon les récents sondages, une alliance entre la CDU/CSU, le SPD et les Verts pourrait obtenir la majorité des deux tiers requise pour les changements constitutionnels. La CDU/CSU devrait occuper 39 % des sièges, le SPD 18 %, les Verts 14 %, l’AfD 21 % et la BSW 8 %.

  • CDU/CSU
  • SPD
  • Verts
  • AfD
  • BSW

Sources : RBC Marchés des Capitaux, wahlrecht.de

RBC Marchés des Capitaux prévoit qu’un gouvernement dirigé par la CDU/CSU n’ait pas d’autre choix que d’assouplir légèrement sa position budgétaire. On prévoit également plus de dépenses en défense et dans les infrastructures dans le cadre de ce résultat.

Une réforme de la règle du frein à l’endettement pourrait ainsi être envisagée, en particulier si les trois partis traditionnels (la CDU/CSU, le SPD et les Verts) obtiennent une majorité de deux tiers, comme le prévoient les sondages actuels. Les trois partis semblent ouverts à la possibilité d’une réforme et les politiciens considèrent de plus en plus la règle constitutionnelle comme désuète, compte tenu de l’économie en difficulté et du faible niveau d’endettement de l’Allemagne, qui est très bas d’un point de vue international (le ratio de la dette au PIB est inférieur à 60 %).

Autrement, le nouveau gouvernement pourrait déclarer une « urgence » en 2025 afin de constituer un fonds spécial de dépenses publiques, une mesure qui ne nécessiterait qu’une majorité simple au Parlement.

Outre un niveau de dépenses légèrement plus élevé, un gouvernement dirigé par la CDU/CSU devrait être plus favorable aux entreprises, de l’avis de RBC Marchés des Capitaux, et prioriser les politiques économiques plutôt qu’environnementales. Dans son programme, la CDU/CSU souhaite faire passer l’impôt des sociétés de 30 % à 25 % et financer cette réduction au moins en partie par une diminution des prestations de chômage. RBC Marchés des Capitaux estime également qu’une certaine déréglementation est possible, tout comme un retour à la production d’énergie nucléaire au moyen de la réactivation de réacteurs ou de la mise en œuvre de nouveaux réacteurs pour atténuer les pressions sur les coûts de l’énergie.

Dans l’ensemble, nous croyons que la fin de la paralysie qui a caractérisé le gouvernement de coalition précédent, un gouvernement plus favorable aux entreprises, et une politique budgétaire légèrement expansionniste seraient bénéfiques à l’économie. Selon nous, ces politiques, si elles sont mises en œuvre, devraient plaire aux marchés boursiers.

Pourtant, les investisseurs doivent garder à l’esprit qu’une relance budgétaire à grande échelle demeure peu probable, car la CDU/CSU est, après tout, un parti conservateur dans le paysage européen. Par ailleurs, l’Allemagne est aux prises avec des problèmes structurels, notamment son modèle industriel qui bat de l’aile, que ne saurait résoudre la politique budgétaire à elle seule.

La Chine : un vent contraire qui se calme?

Une économie chinoise plus vigoureuse améliorerait les perspectives pour l’Europe, étant donné que la Chine est une destination d’exportation clé pour les biens européens et que de nombreuses sociétés européennes y exercent des activités.

Même si les annonces officielles en Chine ont été largement décevantes au cours des derniers mois, selon nous, les plus récentes laissent entrevoir une politique budgétaire plus proactive, une première depuis 2020, ainsi qu’une politique monétaire modérément expansionniste, un pivot par rapport au positionnement prudent des 14 dernières années. En décembre, à la suite de la Conférence centrale sur le travail économique de deux jours, Beijing s’est engagée à stabiliser le marché immobilier en 2025.

Tout cela nous porte à croire que les investisseurs devraient garder confiance en l’arrivée d’une politique expansionniste. RBC Gestion mondiale d’actifs estime que la Chine dispose toujours d’une marge de manœuvre budgétaire pour fournir un soutien économique important. Nous nous attendons à ce que des mesures soient annoncées à l’occasion des « deux sessions » de mars 2025, un événement politique annuel phare où sont annoncées des mesures importantes.

De grandes mesures de relance donneraient un regain d’énergie à l’Europe, selon nous.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs?

Nous croyons qu’il existe des difficultés notables à court terme en ce qui a trait au rendement supérieur de l’indice des actions européennes. Elles vont du manque de compétitivité et de la faible croissance économique aux risques géopolitiques. Ces facteurs défavorables justifient une légère sous-pondération des actions européennes.

Toutefois, comme la confiance des investisseurs est à la baisse et que les faibles valorisations semblent déjà refléter bon nombre de ces difficultés, l’un ou l’autre de ces scénarios pourrait offrir des occasions aux investisseurs. Un accord de cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine et un cycle de réduction des taux plus important de la Banque centrale européenne seraient également perçus favorablement, selon nous.

Nous continuons de privilégier les sociétés de calibre mondial qui profitent des tendances structurelles mondiales et qui en sont le moteur, en particulier dans des créneaux comme le matériel de fabrication de semiconducteurs, les génies électrique et mécanique, les gaz industriels et les soins de santé.


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