Planifier vos dernières années de vie peut aider votre famille à traverser cette étape avec moins de culpabilité

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Perspectives

Comme beaucoup d’entre nous vivent plus longtemps, le meilleur cadeau que vous puissiez faire à vos enfants adultes est d’établir votre plan de succession et de soins aux aînés, et de leur en parler.

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Le présent article s’inscrit dans le cadre d’une initiative continue de RBC Gestion de patrimoine visant à mettre en lumière les réflexions des femmes de tous les secteurs de la banque. Il couvre une variété de sujets et de thèmes qui ont également été abordés dans le Financial Post, la référence canadienne en matière d’actualité et d’analyse sur le contexte concurrentiel actuel du monde des affaires.

Louise Stevenson est conseillère en placement, RBC Gestion de patrimoine.

Mes frères, mes sœurs et moi-même avons eu beaucoup d’évènements à surmonter avec nos parents. Malheureusement, notre mère est décédée d’une tumeur au cerveau il y a presque 17 ans. Notre père (aussi connu sous le nom de « lapin Energizer »), après avoir défié le cancer à trois reprises, est maintenant âgé de 95 ans et souffre juste de démence. C’est un miracle qui tient plus de sa détermination farouche que des progrès de la médecine.

Mon père serait le premier à dire que les choses n’auraient pas dû se passer ainsi. Il avait la ferme intention – et il nous l’a répété, encore et encore, quand nous étions enfants – de terminer ses jours dans notre maison familiale, et il pensait disparaître bien avant notre maman qui était incroyablement populaire, drôle, organisée et généralement bouillonnante de vie. Mais le destin en a décidé autrement.

Pendant que nous prenions soin de notre mère, pour la première fois nous avons entendu cette voix de la culpabilité qui nous disait : « je pense qu’elle voudrait ceci ou cela ». Il y a eu bien des conversations dévastatrices, et j’ai regretté qu’elle n’ait pas mis ses souhaits par écrit pour les partager avec nous.

Près de cinq ans après la mort de maman, il est devenu évident que la maison était devenue trop grande, alors avec papa nous avons pris la douloureuse décision de la vendre. Avec une grande appréhension, notre père a emménagé seul dans un appartement. Il s’en est beaucoup plaint, et nous nous sommes sentis coupables.

Par la suite, il a atterri plusieurs fois à l’hôpital à cause d’empoisonnements alimentaires (je pense que c’est lié à la dépression : penser que la nourriture est comestible même si elle a tourné au vert). Nous l’avons alors installé dans une résidence pour personnes autonomes. Il a commencé à rouspéter, puis il a fini par apprécier l’ambiance de camaraderie qui régnait entre les résidents. Il a même retrouvé certaines personnes qu’il connaissait depuis plusieurs décennies.

Malgré tout, nous nous sentions coupables. D’un côté, nous savions qu’il n’était pas là où il voulait être, mais d’un autre côté c’était l’endroit le plus adapté à ses besoins mentaux, physiques et émotionnels. Cette fois-ci, nous lui avons parlé et avons compris qu’il souhaitait rester indépendant (et en vie, quelle que soit sa santé) aussi longtemps que possible. C’était bon à savoir. C’est quelque chose qui apaise le sentiment de culpabilité.

Puis la COVID-19 a frappé à peu près au moment où la démence de mon père s’est aggravée. Pendant les premiers mois de la pandémie, mon frère, son épouse extrêmement patiente et leur fils adulte ont pris soin de mon père dans leur propre maison, jusqu’à ce que son comportement devienne trop agressif et perturbant (c’est quelquefois un triste effet secondaire de la démence).

Notre père est retourné à la résidence pour personnes autonomes, mais il a commencé à errer et à se perdre. Nous avons su que les choses tournaient mal lorsqu’au plus fort de la COVID-19, un membre du personnel a vu mon père prendre le métro seul, sans sa canne et sans masque. Nous avons pris la dure décision de l’installer à l’étage réservé aux personnes souffrant de troubles de la mémoire.

Un tel changement, qui plus est dans le contexte de la COVID-19, a attisé notre sentiment de culpabilité. 

J’ai entendu plus d’une personne me dire : « Je ne pourrais jamais mettre ma mère ou mon père dans un lieu comme celui-là », « Nous sommes une famille très unie, jamais nous ne les mettrions dans une maison de vieillesse », ou encore « Dans ma culture, nous ne mettons pas nos parents dans ce genre d’endroits ».

Je sais bien que ces commentaires ne partaient pas d’une mauvaise intention, et qu’ils étaient liés aux croyances de chacun. Le fait est que parfois, ces établissements sont les meilleurs endroits pour un parent. Dans certains cas, ils sont la seule solution capable d’assurer la sécurité physique et émotionnelle d’une personne.

Je suis heureuse qu’il existe à présent beaucoup plus d’outils et d’informations pour rendre le parcours des soins aux aînés un peu moins intimidant et beaucoup moins frustrant.

La réalité est que nous allons tous vivre plus longtemps. Il est primordial de vous renseigner sur les différentes options disponibles, et de vous assurer que votre plan financier reflète vos souhaits (certaines solutions peuvent être coûteuses, mais c’est un sujet qui sera abordé un autre jour).

J’aurais aimé que mes parents prennent le temps de consigner comment ils désiraient être pris en charge, en tenant compte de divers scénarios. Cela nous aurait évité maintes décisions douloureuses au fil des années.

Le meilleur cadeau que vous puissiez faire à vos enfants adultes est d’établir votre plan de succession et de soins aux aînés, et de leur en parler – c’est important – à un moment où vous êtes tous ensemble. Le fait de lire votre plan en présence de tous vos enfants adultes leur donnera l’occasion de poser des questions, et vous permettra de vous assurer que tout le monde est sur la même longueur d’onde.

L’idée est que toute trace de culpabilité disparaisse. Après tout, que nous souhaitions passer nos années de vieillesse là où nous vivons aujourd’hui, dans un établissement proche de notre dernière maison, ou encore dans une résidence qui offre de grands espaces verts et des cours de macramé, c’est notre choix.

Peu importe que vos enfants projettent de prendre soin de vous lorsque vous serez âgé. S’ils ont des idées à ce sujet, il est préférable qu’ils les fassent connaître et que vous passiez au plan B bien à l’avance.

Si vous planifiez et partagez vos plans avec vos enfants, ils sauront que même si votre décision leur paraît un peu folle, c’est votre choix, et que c’est la façon vous souhaitez dépenser votre argent. Autrement dit, au lieu de se sentir coupables, vos enfants pourront profiter du temps passé à vos côtés avec le soulagement de savoir que vous vivez comme vous le souhaitez. C’est un cadeau magnifique pour eux.

Cet article a été publié pour la première fois dans le Financial Post (en anglais seulement).


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