Les technologies qui atténuent les difficultés liées à la durabilité devraient provoquer de longues vagues de croissance qui offriront des occasions de placement à long terme.
Frédérique Carrier Première directrice générale et chef, Stratégies de placement - RBC Europe Limited
Par Frédérique Carrier
Un certain nombre de technologies ont fait leur apparition et pourraient contribuer à assurer la viabilité du monde dans lequel nous vivons. D’autres se profilent à l’horizon. Bon nombre d’entre elles sont le fruit d’innovations et devraient connaître une croissance à long terme, peut-être pendant des décennies.
Le présent article porte sur l’importance de la durabilité du point de vue des placements. Il met en lumière certaines technologies et innovations susceptibles de contribuer à réduire les plus grandes menaces qui planent sur la viabilité de l’économie mondiale. Selon nous, les entreprises à l’avant-garde de la conception de solutions technologiques pour s’attaquer aux problèmes de durabilité pourraient offrir d’intéressantes occasions de placement à long terme.
Au cours des dernières années, la durabilité est devenue l’une des grandes préoccupations des entreprises et des investisseurs. Il est entendu que tant les entreprises que les investisseurs peuvent tirer parti d’une croissance et de bénéfices durables, c.-à-d. non obtenus au prix de l’épuisement des ressources naturelles et de la détérioration des conditions de vie des humains, ni au détriment des générations futures. Pour les entreprises, la durabilité va bien au-delà de leurs principales activités commerciales ; elle peut toucher l’emplacement et la configuration des bureaux et des lieux de travail, ou le mode de distribution des produits.
Une grande majorité des entreprises ont désormais recours à leur rapport annuel pour faire connaître leurs progrès à ce chapitre. Le sondage de 2020 de KPMG sur les rapports sur le développement durable montre que 80 % des 100 plus grandes sociétés (selon les revenus) de 52 pays ont présenté un tel rapport. Fait intéressant, les États-Unis dominent ce palmarès : 98 % des 100 plus grandes sociétés de ce pays font état du développement durable, comparativement à 92 % au Canada, 85 % en Europe occidentale et 84 % dans la région de l’Asie-Pacifique.
Les investisseurs donnent leur aval. Selon Morningstar, l’actif des fonds d’investissement durable a atteint un sommet record de 1 700 milliards de dollars à la fin de 2020, alors qu’il se situait tout juste sous la barre de 1 000 milliards de dollars un an plus tôt. Cette croissance rapide a été alimentée à la fois par un afflux record de capitaux, par le remaniement de fonds existants afin que la durabilité devienne un facteur décisionnel important, ainsi que par la hausse des marchés.
Dans le numéro de mars de Perspectives mondiales, nous nous sommes penchés sur le fait que les changements climatiques représentent l’une des plus grandes menaces pour la viabilité de l’économie mondiale. Il existe d’autres problèmes urgents auxquels il faut s’attaquer afin que la croissance économique se poursuive au cours des prochaines décennies. Parmi les plus graves menaces pour la durabilité dont discutent les gouvernements et les organismes, mentionnons la diminution de l’accès à l’eau potable, l’énorme prolifération de déchets causés par l’activité humaine et l’absence de progrès sociaux.
L’accès à l’eau potable a fortement diminué au cours des dernières décennies. L’agriculture demande plus d’eau que toute autre activité, alors que des processus de fabrication inefficaces, le stockage et le transport entraînent souvent des déchets. Les changements climatiques et l’industrialisation y sont aussi pour quelque chose.
Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), 1,1 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, tandis que 2,7 milliards subissent une pénurie d’eau pendant au moins un mois chaque année. Les inondations désastreuses au Royaume-Uni en 2015 et 2019, les graves inondations qui se sont récemment produites en France et en Italie, la perturbation prolongée des expéditions causée par le niveau exceptionnellement bas de l’eau du Rhin, en Allemagne, en 2018, de même que l’inondation dévastatrice à Houston, au Texas, en 2019 (faisant partie d’une série de trois « inondations comme on n’en voit que tous les 500 ans » qui se sont produites dans cette région) sont autant d’événements qui nous rappellent que ces problèmes ne touchent pas uniquement les pays émergents.
Les pénuries d’eau posent aussi un grave problème pour la croissance de la Chine. Le pays regroupe 20 % de la population mondiale, mais il ne contient que 7 % de l’eau potable de la planète. En outre, la pollution réduit la quantité d’eau potable disponible : selon le Forum économique mondial (FEM), 70 % des lacs, des rivières et des fleuves de Chine sont pollués.
L’énorme quantité de déchets générés dans le monde chaque année fait peser une autre menace croissante pour la durabilité et la prospérité mondiale. La Banque mondiale a fait savoir que deux milliards de tonnes de déchets solides, soit assez pour remplir plus de 800 000 piscines olympiques, ont été générées en 2016, dernière année de la publication de données pour l’ensemble du monde. Seulement 16 % de ces déchets ont été recyclés, et 46 % ont été éliminés d’une façon néfaste pour l’environnement. Les pays riches brûlent leurs déchets et émettent ainsi des gaz à effet de serre (GES), tandis que d’autres les jettent dans les cours d’eau et les océans. Au rythme où vont les choses, le FEM estime que d’ici 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans.
Source : Base de données Global Findex
Enfin, il est de plus en plus admis que l’absence de progrès sociaux pourrait aussi empêcher l’économie mondiale de réaliser son potentiel de croissance. La croissance annuelle du PIB mondial a ralenti, passant d’une moyenne de 3,8 % entre 1960 et 2000 à seulement 2,9 % au cours de la dernière décennie. Selon une étude de mars 2021 réalisée par des économistes de Bloomberg, le PIB mondial pourrait augmenter de 20 000 milliards de dollars d’ici 2050 si le niveau d’éducation et d’emploi des femmes était le même que celui des hommes, comparativement à un scénario de base supposant une inégalité persistante entre les sexes. Par ailleurs, une étude de Goldman Sachs montre que la suppression de l’écart de rémunération de 35 % défavorisant les femmes noires aux États-Unis pourrait ajouter 300 milliards de dollars au PIB annuel de ce pays, soit 1,3 % de son économie de 21 400 milliards de dollars.
Dans un article récent sur les changements climatiques, nous avons souligné que pour s’attaquer à ces défis, il faudra à la fois un engagement des gouvernements (sous forme de réglementation, de mesures incitatives et de financement) et la participation du secteur privé. L’innovation et la technologie seront essentielles à l’élaboration de solutions visant à accroître la durabilité de l’économie mondiale. Selon nous, les entreprises à l’avant-garde de la conception de ces solutions pourraient offrir d’intéressantes occasions de placement à long terme.
Nous regroupons ces occasions sous cinq grands thèmes :
Le tableau ci-dessous montre comment chacun de ces thèmes peut contribuer à régler les problèmes indiqués ci-dessus.
Source : RBC Gestion de patrimoine
Nous explorerons chacun de ces thèmes en détail dans des articles de Perspectives mondiales au cours des prochains mois.
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