Aller jusqu’au bout

Par Jim Allworth

Nous pensons que la trajectoire des principales économies du monde dépendra de la progression normale du cycle économique et des effets résiduels des politiques mises en place pour lutter contre la pandémie, et ce, jusqu’à ce que l’année 2023 soit bien avancée.

Après la plus brève récession jamais enregistrée (moins de trois mois), l’économie américaine avait regagné tout le terrain qu’elle avait perdu à la fin du troisième trimestre de 2021. L’économie canadienne a probablement franchi cette étape au quatrième trimestre.

Nous nous concentrons toujours principalement sur l’économie américaine, car c’est la plus grande au monde, qu’elle impose le rythme et donne le ton pour la majeure partie du monde développé. Une récession aux États-Unis est habituellement de mauvais augure pour les autres économies et les marchés boursiers. Chaque marché baissier pour les actions américaines – et pour la plupart des autres marchés boursiers – a été associé à une récession américaine.

Une direction

Les six principaux indicateurs d’une récession aux États-Unis que nous surveillons semblent annoncer la poursuite de l’expansion économique pour un bon moment encore. De puissants facteurs favorables propulsent l’économie américaine et la plupart des économies développées :

  • Des conditions de crédit très « souples ». Aux États-Unis, toutes les récessions à quelques exceptions près ont été déclenchées par un resserrement excessif des conditions de crédit : 1) une hausse prohibitive des taux d’intérêt qui dissuade les entreprises et les particuliers de contracter des emprunts ; et 2) une réticence des banques à accorder des prêts. Les conditions de crédit actuelles sont à l’opposé de la conjoncture décrite ci-dessus. Les taux sont si faibles qu’ils favorisent l’emprunt, et partout les banques sont à la recherche de particuliers et d’entreprises solvables et de projets permettant l’octroi de prêts.
  • Les ménages américains et canadiens disposent d’une épargne excédentaire accumulée durant la pandémie, et cette épargne est supérieure à 10 % du PIB. Selon nous, environ 20 % de cette épargne sera dépensée d’ici un an ou deux, et soutiendra les dépenses de consommation jusqu’en 2023.
  • Les stocks de produits disponibles sont inhabituellement bas, et de nombreuses entreprises doivent les reconstituer pour répondre à la demande actuelle. La reconstitution des stocks devrait soutenir la production industrielle et la croissance du PIB la majeure partie de l’année.
  • Aux États-Unis, les investissements des entreprises américaines ont été robustes, en raison des taux d’intérêt bas, des bénéfices élevés et de la nécessité d’avoir une capacité accrue et une chaîne logistique plus résiliente.

La Fed et les autres banques centrales pourraient-elles gâcher les réjouissances ?

Oui, tôt ou tard. Avant que cela ne se produise, toutefois, on devrait assister à un net resserrement des conditions monétaires, qui sont encore très souples, ce qui ne devrait pas survenir avant un certain temps. En général, les conditions monétaires restrictives sont en place pendant six à douze moins avant que l’économie américaine ne tombe en récession.

Le taux des fonds fédéraux grimpe habituellement au-dessus du taux de croissance du PIB nominal (c.-à-d. avant le retrait de l’effet des hausses de prix) avant le début d’une récession. À la fin du troisième trimestre de l’année dernière, le PIB des États-Unis avait progressé de 9 % par rapport à l’année précédente. Le taux des fonds fédéraux est actuellement à un niveau presque nul. En supposant que la Fed relève le taux trois fois l’année prochaine (comme elle l’a indiqué), puis qu’elle l’augmente de 0,25 % lors de chaque réunion par la suite (c.-à-d. beaucoup plus rapidement que les attentes actuelles de la Fed ou du marché), le taux serait de 2,75 % à la fin de 2023. C’est nettement inférieur au taux de croissance annualisé du PIB nominal, qui devrait, selon nous, avoir alors ralenti à 4 % ou 5 %.

En d’autres termes, il semble que nous soyons loin des taux d’intérêt qui plongeraient les États-Unis en récession. Il est important de rappeler que la Fed ne resserre pas la politique dans le but de faire tomber l’économie en récession. Elle tente toujours d’obtenir un « atterrissage en douceur », c’est-à-dire un ralentissement économique suffisant pour réduire les pressions inflationnistes tout en évitant une contraction. Sur les 17 cycles de resserrement de la Fed depuis 1953, huit seulement se sont soldés par une récession.

Nous prévoyons que l’inflation devrait diminuer au deuxième trimestre de 2022, puis continuer à baisser en 2023 sous l’influence de ce qui suit :

  • la résolution des facteurs ayant engendré des pénuries de manière artificielle ;
  • le retour des personnes sur le marché du travail à mesure que s’estompent les programmes d’aide et les préoccupations sanitaires ;
  • le boom des dépenses en immobilisations, déjà en cours, qui engendre des gains de productivité et compense, dans une certaine mesure, les coûts d’emploi plus élevés.

Le cas échéant, la Fed et d’autres banques centrales pourraient mettre un terme aux hausses de taux avant que les conditions de crédit ne franchissent le point de non-retour de l’économie.

Dans un cas comme dans l’autre, les facteurs économiques favorables décrits précédemment sont autant de bonnes raisons pour lesquelles on s’attend à ce que la croissance du PIB et des bénéfices des sociétés soit supérieure à la moyenne en 2022, et peut-être aussi en 2023. Dans pareil contexte, il serait inhabituel pour les prix des actions de ne pas maintenir leur tendance à la hausse pendant encore au moins 12 à 18 mois.

Feuille de pointage en matière de récession

Indicateur

État

Positif

Neutre

Négatif

Courbe des taux (obligations du Trésor de 10 ans à 1 an)

Oui

Demandes de prestations de chômage

Oui

Taux de chômage

Oui

Indice avancé du Conference Board

Oui

Flux de trésorerie des sociétés non financières

Oui

Taux des fonds fédéraux et croissance du PIB nominal

Oui

Qu’est-ce qui pourrait déraper ?

Notre feuille de pointage sur la récession nous porte à croire que le cycle économique conserve et maintiendra son élan. Il faudrait un événement externe ou un concours de circonstances important pour provoquer un recul soutenu. Les médias ne manquent pas de spéculer sur les éventuelles menaces. Il y a, par exemple, le risque de contagion lié aux éventuelles défaillances dans le vaste secteur immobilier chinois, ou des tensions géopolitiques. L’apparition du variant Omicron nous rappelle que la pandémie peut encore gravement entraver l’activité économique.

De telles menaces se succèdent dans les manchettes et il est toujours utile d’évaluer leurs conséquences possibles sur l’économie et les marchés financiers. Toutefois, le fait de structurer un portefeuille comme si au moins un de ces événements pourrait survenir à court terme aurait mené à un arrêt des placements ou, à tout le moins, à un sous-investissement du portefeuille pendant la majeure partie des 15 dernières années, voire plus longtemps.

À notre avis, un portefeuille de placements composé de diverses catégories d’actifs, possédant une composante d’actions diversifiée adéquatement du point de vue sectoriel et comprenant les entreprises les plus résilientes de chaque secteur, constitue la position la plus appropriée dans un monde de possibilités imprévisibles.

Pour avoir un aperçu plus complet de nos prévisions de l’économie mondiale et des marchés financiers au cours des prochaines années, demandez une copie de notre rapport Perspectives mondiales.

Jim Allworth est coprésident du Comité consultatif sur la gestion mondiale de portefeuille de RBC.

Bulletin Gestion de partimoine – janvier 2022

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