12 octobre 2022 | Animée par Leanne Kaufman
Voyez ce qui arrive quand vous ne pouvez plus prendre de décisions et comment vous préparer en conséquence.
« À qui feriez-vous confiance pour prendre des décisions concernant vos soins personnels ou vos finances si vous n’étiez pas en mesure de le faire ? N’importe qui pourrait se retrouver dans ce genre de situation un jour. »
Orateur initial :
Bonjour, et bienvenue à Au-delà de la richesse avec votre animatrice, Leanne Kaufman, présidente et cheffe de la direction de RBC Trust Royal. Pour la plupart d’entre nous, parler de sujets comme le vieillissement, la fin de la vie et la planification successorale n’est pas facile. C’est pourquoi nous leur consacrons ce balado, qui vous donne l’occasion d’en entendre parler tout en profitant des grandes connaissances de certains des meilleurs experts dans le domaine au pays. Aujourd’hui, nous voulons vous fournir des renseignements qui vous aideront à vous protéger, vous et votre famille, dans le futur. Voici votre animatrice, Leanne Kaufman.
Leanne Kaufman :
Bonjour, je suis Leanne Kaufman. Bienvenue à Au-delà de la richesse de RBC Gestion de patrimoine, Canada. Aujourd’hui, nous recevons le Dr Samir Sinha. Il est directeur de la gériatrie au Sinai Health System et au Réseau universitaire de santé de Toronto, ainsi que professeur de médecine à l’Université de Toronto. Il est aussi directeur de la recherche sur les politiques de santé au National Institute on Aging de l’Université métropolitaine de Toronto. C’est là que nous avons fait connaissance.
Boursier de la fondation Cecil Rhodes, Dr Sinha est un clinicien réputé et un expert international en soins aux personnes âgées. Il est l’architecte de la Stratégie pour le bien-être des personnes âgées de l’Ontario. En 2014, Macleans l’a inclus dans son palmarès des 50 personnes les plus influentes au Canada et a dit de lui qu’il était le porte-parole le plus convaincant pour les personnes âgées. Enfin, il est membre du Conseil national des aînés du gouvernement du Canada et dirige actuellement l’élaboration des nouvelles normes nationales de soins de longue durée.
Dr Sinha, merci de vous joindre à nous aujourd’hui pour parler d’incapacité et de son importance « au-delà de la richesse ».
Dr Samir Sinha :
Merci de me recevoir.
Les gens ne passent probablement pas des heures à réfléchir à l’incapacité, ni même à en parler. C’est un terme un peu technique. Qui appartient peut-être même au jargon de l’industrie, en fait. On parle d’une personne qui, légalement, n’est plus capable de prendre des décisions par elle-même. Quand on aborde ce sujet, il est souvent question d’âge, de trouble cognitif ou de démence. Mais bien sûr, ce n’est pas le seul contexte possible. Dans le secteur financier, le sujet est généralement synonyme de procuration, de prise de décisions par une autre personne – celle qui sera autorisée à se mettre à votre place et à gérer vos actifs financiers en votre nom. Cependant, étant donné votre rôle, je suppose que vous avez ce genre de conversation beaucoup plus souvent que le grand public. Alors, comment expliquez-vous l’incapacité à vos patients et à leur famille ?
Comme vous le dites, c’est une question qui revient souvent. Comme je suis gériatre, je vois surtout des personnes âgées. Plusieurs sont aux prises avec des problèmes de santé chroniques et complexes qui touchent parfois la mémoire et la pensée, ce qui peut être causé par la démence. C’est donc un sujet que j’ai l’habitude d’aborder assez tôt avec tous mes patients : « Avez-vous réfléchi à la personne à qui vous feriez confiance pour prendre des décisions à votre place concernant vos soins personnels ou vos finances, si vous étiez incapable de le faire vous-même ? » N’importe qui pourrait se retrouver dans ce genre de situation un jour. En particulier les personnes âgées qui commencent à éprouver des troubles de mémoire ou de raisonnement – peut-être à cause de la démence –, ce qui peut arriver plus tôt qu’on le croit.
Donc, c’est un sujet que je dois souvent aborder parce que je me soucie de la capacité des gens à prendre des décisions concernant leurs soins personnels. Je cherche à bien comprendre leurs objectifs sur ce plan pour que nous puissions mettre le tout au clair. Je me soucie également de leur capacité à prendre des décisions financières, car certains choix de santé comportent des coûts, que ce soit pour engager une personne qui donne des soins à domicile, pour habiter dans une résidence, ou pour se procurer d’autres types de soins ou de soutien. Les finances sont importantes. On ne peut pas réfléchir à la capacité d’une personne à prendre des décisions concernant ses soins personnels sans penser au volet financier.
Je pense qu’il faut souligner qu’avec notre population vieillissante et l’espérance de vie plus élevée que jamais, ce sont des choses qui deviendront probablement plus courantes. Alors, qui peut décider qu’une personne est capable ou incapable ?
On me pose toujours cette question. Je reçois souvent des appels de conseillers financiers, parfois d’avocats. Ou un membre de la famille va m’appeler et me dire : « On m’a dit de vous consulter pour déclarer que mon père ou ma mère est incapable. » Et je réponds toujours : « D’accord, mais prenons un instant pour en discuter. » Car si l’on inquiète de la capacité d’une personne à prendre des décisions, la première étape est de comprendre ce qui pourrait nuire à cette capacité. Est-ce que ce pourrait être de la démence ? Ou bien quelque chose de réversible ? Essayons de le déterminer. Mais au bout du compte, si on se soucie réellement de la capacité d’une personne à prendre des décisions, un médecin peut faire une évaluation. Et un médecin qui connaît bien son patient pourra assurément le déclarer incapable de prendre des décisions concernant ses soins médicaux.
Toutefois, je ne m’aventure pas du côté des décisions financières, car je n’ai pas de formation officielle là-dessus. En Ontario (là où j’exerce), seuls des évaluateurs de la capacité compétents peuvent le faire. Ils ont suivi une formation en passant par le ministère du Procureur général. Ils ont une attestation et sont inscrits sur une liste gouvernementale. On en trouve partout en Ontario. Ce sont souvent des professionnels qui ont suivi ce cours pour pouvoir évaluer la capacité d’une personne à prendre des décisions au sujet de ses soins personnels, de ses finances et de ses biens.
Tout dépend de la situation, mais je n’ai souvent aucun problème à déterminer si une personne est capable ou incapable de prendre des décisions concernant ses soins personnels. Au sujet des finances, cependant (car c’est quelque chose qu’il faut déterminer aussi), je dirige mes patients vers ce site Web pour qu’ils puissent trouver une personne apte à les évaluer (ou à évaluer leur proche) et enclencher le processus. Et nous travaillons ensemble ensuite pour nous assurer que tout se passe aussi bien que possible, pour que nous puissions agir dans l’intérêt du patient.
S’il y a des personnes qui se spécialisent dans ce genre d’évaluation, c’est qu’une déclaration d’incapacité doit avoir des répercussions très importantes. Qu’arrive-t-il après qu’une personne a été déclarée incapable ?
Ce n’est pas une déclaration anodine, en effet. Car si vous devez aller dans cette voie, c’est que vous dites que cette personne n’est vraiment plus en mesure de prendre des décisions concernant ses soins personnels ou ses finances.
Bien sûr, il se peut que cette personne soit encore capable de décider certaines choses. On parle ici de soins personnels et de finances, globalement, de ces grandes décisions qui ne sont plus possibles pour elle. Et s’il y a une procuration, par exemple, c’est là qu’elle pourra entrer en vigueur. Ce sont des étapes très, très importantes. Il faut veiller à bien faire les choses pour protéger la dignité et les droits du patient et pour agir dans son intérêt. C’est pourquoi il y a une marche à suivre. Et les gens doivent s’assurer de la respecter, car si on essaie de prendre des raccourcis, la situation peut empirer très rapidement.
Par ailleurs, on sait que l’incapacité n’est pas une condition qui se présente du jour au lendemain – ou rarement. Ce n’est pas quelque chose qui apparaît, puis disparaît soudainement. Il y a des zones grises, des jours meilleurs que d’autres. Comment en tenez-vous compte dans votre évaluation ? Ce qui m’amène à vous demander aussi : que faites-vous pour lancer la conversation, pour parler à la famille des signes à surveiller quand le diagnostic n’est pas encore clair ?
Je trouve qu’il est là, le défi, quand les gens commencent à dire : « Je m’inquiète de la capacité de mon proche à prendre des décisions financières personnelles. » Je leur demande d’amasser des preuves. Si mon patient dit être inquiet, alors je lui demande de me donner des exemples. Je dis la même chose à la famille : « Donnez-moi des exemples. » Car bien sûr, on peut avoir des journées moins bonnes. On peut se sentir mal un jour et être revenu à la normale le lendemain, car ce n’était que temporaire. Cependant, si les décisions sont de plus en plus problématiques, moins fiables, et si on sent que la personne n’est pas toujours en mesure de prendre des décisions concernant ses soins personnels ou ses finances, alors il est important d’amasser des preuves. Surtout pour moi, comme clinicien qui essaie d’évaluer cette capacité, parce qu’il est préférable de pouvoir justifier l’évaluation et la décision avec des faits, des preuves.
Et il faut s’assurer que les tests qu’on effectue ensuite permettent de voir si cette personne est capable ou incapable de prendre ce genre de décisions. On ne peut pas se fier à l’avis d’une personne. Il faut des faits et des preuves, tous bien consignés. Comme vous l’avez mentionné, les répercussions sont importantes. Alors, si les gens ne respectent pas la marche à suivre, je vais sûrement me demander comme clinicien (ou l’avocat, ou d’autres vont se demander) si on a agi avec la diligence requise et si la capacité de la personne a été évaluée avec justesse.
C’est pour ça que je dis que les choses peuvent empirer rapidement. Quand je vois des familles mal se comporter, quand j’observe de l’abus ou du laisser-aller, par exemple, je sais que les intérêts financiers de la personne concernée risquent d’être compromis. C’est la même chose pour ce qui est dans son intérêt en matière de soins. Quand les choses ne sont pas faites dans l’ordre et comme il se doit, dans le respect de la dignité, les relations entre les membres de la famille peuvent en prendre un coup.
Ce que vous dites est très pratique pour nos auditeurs, car je pense que plusieurs d’entre nous ne sauraient pas par où commencer si des signes devaient apparaître. Respecter la marche à suivre, c’est un excellent conseil. Quelle est la première mesure à prendre, selon vous, quand on pense qu’un proche commence peut-être à prendre des décisions qui pourraient le mettre en danger ?
Je pense qu’il faut commencer par préciser ses inquiétudes. Qu’est-ce que vous avez remarqué ? Par exemple, vous pourriez discuter avec votre proche pour savoir s’il a remarqué la même chose que vous. Parce que s’il s’inquiète de sa capacité lui aussi, alors vous aurez ce qu’on appelle une alliance thérapeutique. Si vous avez tous les deux les mêmes inquiétudes, ce sera plus facile d’obtenir de l’aide. Parce que des membres de la famille m’appellent souvent pour dire : « Je pense que mon père n’est plus tout à fait là. Pouvez-vous faire quelque chose ? » Par exemple. Et il ne faut pas oublier que mon client, c’est mon patient. Ce n’est pas son fils. Ni sa fille. Bref, mon client est mon patient.
C’est pourquoi je dis toujours aux membres de la famille de parler à leur proche s’ils s’inquiètent de sa capacité cognitive. N’est-ce pas ? Vérifiez s’il voit les mêmes problèmes que vous, parce que si c’est le cas, vous pourrez faire équipe et dire : « On devrait peut-être prendre rendez-vous avec le médecin pour en savoir un peu plus. » Comme je l’ai déjà mentionné, il pourrait s’agir de démence. Mais il pourrait aussi s’agir d’anémie ou d’hypotension, de quelque chose de facile à traiter et à régler, par exemple. Je pense que c’est la première mesure à prendre, parce que si quelqu’un se retrouve dans une situation compliquée et dit : « Je ne veux rien faire, et tu ne peux pas me dire ça, et si ça ne te plaît pas, je vais modifier la procuration… » Je veux dire, si la personne dit qu’elle a remarqué la même chose que vous, c’est là qu’il faut peut-être penser aux prochaines étapes.
Et c’est à ce moment-là que vous voudrez peut-être consulter votre propre médecin et lui demander : « Qu’est-ce que je devrais faire ? » Ou : « Comment est-ce que je devrais procéder ? » Et voir aussi s’il est possible de discuter avec le médecin de votre proche. Pas seulement vérifier s’il est disponible pour discuter avec vous ; c’est qu’il pourrait se montrer très réceptif à l’information que vous lui donnerez, car elle pourra l’aider à savoir s’il peut faire quelque chose de plus pour son patient (qui est peut-être votre proche), pour l’aider à déterminer les prochaines étapes. Mais je vous dirais de commencer par en parler avec votre proche et lui faire part de vos inquiétudes. Ensuite, vous pourrez faire équipe et voir si son fournisseur de soins peut examiner le tout et tenter de déterminer le problème et les prochaines étapes.
Je trouve que vous faites bien de mentionner que ça n’aboutira pas toujours à un diagnostic de démence irréversible. Ce pourrait être quelque chose d’assez simple, de facile à régler. Autrement dit, la conversation n’est pas nécessairement aussi éprouvante qu’on pourrait le penser. Enfin, si nos auditeurs ne devaient retenir qu’une seule chose au sujet de l’incapacité, que leur diriez-vous ?
Il faut comprendre que lorsque j’interroge les gens sur la planification préalable de soins, on me dit souvent : « Oh, j’ai un testament. Mon fils aura ceci, et ma fille… » Je leur réponds : « Honnêtement, peu m’importe ce qui arrivera quand vous aurez franchi la ligne d’arrivée. Si je ne suis pas dans le testament, ça ne change rien pour moi. Ce qui m’importe, c’est la dernière droite, et la dernière droite pourrait être difficile. Ce pourrait être compliqué. Vous pourriez être frappé par une voiture demain et aboutir aux soins intensifs. Vous pourriez souffrir de démence un jour. Et à un moment donné, il se peut que vous ne soyez plus capable de prendre des décisions personnelles ou financières. » Alors, j’aimerais que tous ceux qui nous écoutent fassent une chose à la fin de ce balado. Posez-vous cette question : à qui feriez-vous confiance pour prendre des décisions à votre place si vous étiez dans une telle situation ?
Puis, envisagez de nommer cette personne comme mandataire, par exemple, et parlez-en avec elle. Parlez-lui de vos volontés. Car si vous vous retrouvez un jour en situation d’incapacité, quelqu’un devra prendre ces décisions pour vous. Si vous ne choisissez personne, l’État va en choisir une pour vous. Et si vous voulez réellement avoir un mot à dire sur votre avenir, commencez à réfléchir aux personnes à qui vous feriez confiance dans ce genre de situation, et dites-leur ce que vous aimeriez qu’elles fassent en votre nom. Je pense que c’est le principal point à retenir. Et tout juste avant (nous en avons longuement parlé, Leanne), c’est de savoir comment gérer ce genre de situations délicates quand elles se présentent.
Oui. Quand on commence à parler des personnes à qui confier ses soins personnels et ses finances, c’est se lancer dans une conversation délicate ou difficile sur la procuration. D’ailleurs, nous en parlons dans un autre balado. C’est une bonne façon de faire le lien. Merci beaucoup, Dr Sinha, d’avoir été des nôtres aujourd’hui et de nous avoir donné votre point de vue sur l’importance de l’incapacité « au-delà de la richesse ».
Merci de m’avoir reçu, Leanne. C’est toujours un plaisir de parler avec vous.
Pour en savoir plus sur le Dr Sinha et son travail au National Institute on Aging, allez à l’adresse NIA-Ryerson.ca. Vous trouverez le Dr Sinha sur Twitter : @DrSamirSinha. Le NIA est sur Twitter et LinkedIn. À la prochaine ! Je suis Leanne Kaufman. Merci de nous avoir suivis.
Orateur final :
Qu’il s’agisse de planifier votre succession ou les besoins de votre famille ou de votre entreprise, ou de bien remplir votre rôle d’exécuteur testamentaire (appelé liquidateur au Québec) de la succession d’un être cher, nous pouvons vous guider, aplanir les difficultés et soutenir votre vision. Faites équipe avec RBC Trust Royal afin que les générations futures profitent longtemps de votre legs. Laissez un héritage, pas un fardeauMC. Allez à rbc.com/trustroyal.
Merci d’avoir suivi cet épisode d’Au-delà de la richesse. Pour en savoir plus sur RBC Trust Royal, veuillez visiter notre site à rbc.com/trustroyal.
RBC Trust Royal désigne Société Trust Royal du Canada ou Compagnie Trust Royal, ou les deux. RBC Trust Royal et RBC Gestion de patrimoine sont des secteurs opérationnels de Banque Royale du Canada. Pour en savoir plus sur les sociétés membres de RBC Gestion de patrimoine, veuillez consulter le https://www.rbc.com/conditions-dutilisation. ®/MC Marque(s) de commerce de Banque Royale du Canada. RBC et Trust Royal sont des marques déposées de Banque Royale du Canada, utilisées sous licence. © Banque Royale du Canada 2022. Tous droits réservés.
Ce balado est fourni à titre indicatif seulement et ne vise pas à donner des conseils ni à approuver ou à recommander un contenu ou des tiers qui y sont mentionnés. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais leur exactitude n’est pas garantie et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive du sujet abordé.
Apprenez à faire la différence entre une personne-ressource de confiance et une procuration et pourquoi vous devriez pouvoir compter sur l’une comme sur l’autre.
Le Canada, avec sa population vieillissante, peut-il suivre le rythme des efforts déployés dans le monde pour lutter contre la démence ? Nous examinons les résultats du rapport 2022 de CanAge sur la démence au Canada.