23 juillet 2024 | Animée par Leanne Kaufman
La planification préalable de vos funérailles protège vos proches. Comment conférer à cette cérémonie un caractère aussi spécial et singulier que vous l’êtes vous-même.
« Les professionnels des services funéraires ont pour mission d’éduquer. Comme c’est le cas des professionnels de la planification successorale ou de la planification financière, leur mission est d’éduquer. Ils sont là pour aider les membres de la famille à faire des choix éclairés. Voilà pourquoi il importe tant d’avoir ces discussions au préalable de telle sorte que vous puissiez faire des choix éclairés. »
Orateur initial:
Bonjour, et bienvenue à Au-delà de la richesse avec votre animatrice, Leanne Kaufman, présidente et cheffe de la direction de RBC Trust Royal. Pour la plupart d’entre nous, parler de sujets comme le vieillissement, la fin de la vie et la planification successorale n’est pas facile. C’est pourquoi nous leur consacrons ce balado qui vous donne l’occasion d’en entendre parler tout en profitant des grandes connaissances de certains des meilleurs experts dans le domaine au pays. Aujourd’hui, nous voulons vous fournir des renseignements qui vous aideront à vous protéger, vous et votre famille, dans le futur. Voici votre animatrice, Leanne Kaufman
Leanne Kaufman :
Dans ce balado, la planification occupe une place importante et il arrive souvent que le sujet nous amène à traiter de la planification de ce qui est inévitable. Eh bien, aujourd’hui, nous allons parler de ce qui est ultimement inévitable, soit nos propres funérailles. Comme c’est le cas pour de nombreux autres aspects de la planification successorale, la plupart d’entre nous préféreraient en vérité ne pas avoir à y penser. Cependant, la planification préalable ou les arrangements funéraires préalables permettent de faire en sorte que vos proches n’aient pas à prendre de décisions délicates sur ce que vous pourriez ou non avoir souhaité, et ce, dans des circonstances où ils sont déjà également aux prises avec des sentiments de deuil et de perte. Quels que soient les idées que vous pouvez entretenir à l’égard de ce type de planification, vous pouvez considérer qu’il s’agit là de l’ultime geste de compassion que vous poserez, en plus de vous offrir l’occasion d’organiser vos funérailles selon vos préférences et vos valeurs.
Bonjour, mon nom est Leanne Kaufman. Je vous souhaite la bienvenue au balado Au-delà de la richesse de RBC Gestion de patrimoine – Canada. J’ai le plaisir d’être accompagnée aujourd’hui de Jeffrey Weafer, président de l’Association des services funéraires du Canada. La carrière de Jeffrey dans ce domaine couvre une période de plus de 30 ans auprès de la société Arbor Memorial. Il a siégé au Funeral And Cremation Services Council of Saskatchewan, qui est l’organisme de réglementation provincial. Il a rempli les fonctions de président du comité responsable de l’éducation et de la formation professionnelle de ce conseil et il continue de siéger au comité des finances et de l’audit dudit conseil.
Jeff, permettez-moi de vous remercier de vous joindre à moi aujourd’hui pour parler des avantages et des options qui s’offrent en matière de planification de fin de vie et de la raison pour laquelle cette question importe au-delà de la richesse.
Jeffrey Weafer :
Merci, Leanne. Je suis heureux de me voir offrir l’occasion de m’adresser à vos auditeurs, de les renseigner un peu, en plus de leur faire profiter de mon expérience.
Eh bien, nous sommes ravis de vous accueillir.
Je pense que nous avons tous observé une véritable modification dans la façon dont les vies sont célébrées lorsqu’elles parviennent à leur terme, et ce, notamment dans le contexte de ce que nous avons connu en marge de la pandémie de COVID, sans compter la mesure dans laquelle cet événement a déterminé la situation que nous connaissons aujourd’hui, alors que les restrictions propres à la COVID sont désormais chose du passé. Pourquoi ne nous attarderions-nous donc pas un peu aux notions fondamentales et ne nous demanderions pas pourquoi les funérailles importent toujours pour nous en tant que société ?
Il faut tenir compte des aspects relatifs au deuil et à la perte ou à la disparition, à la nécessité de marquer une pause et de prendre un moment pour souligner une vie honorablement vécue. Pour réfléchir à cette perte et à qui nous serons nous-mêmes, désormais, alors que la personne avec qui nous aurons passé une partie importante de notre vie ne sera plus des nôtres. Cela importe donc du point de vue du deuil et de la perte.
Cela importe également à titre de société puisque non seulement la famille subit-elle une perte, mais c’est également le cas de toute une collectivité qui pourrait avoir entretenu des relations avec le défunt. En effet, lorsque survient la disparition d’une personne qui possède une certaine notoriété, nous observons que toute population suit l’événement s’il est retransmis, puisque cela est important. La vie que nous vivons et les expériences que nous partageons comptent.
Prendre un moment [pour organiser] les funérailles, peu importe la forme que prend cet événement, représente un moyen pour toute famille de rendre compte du fait que cette perte est significative. Sinon, si nous nous contentons de poursuivre notre chemin sans marquer l’occasion, c’est un peu comme si ce décès était le résultat d’une disparition. Et nous savons, du point de vue du deuil et de la perte, que les gens n’arrivent pas à se défaire de cette réalité, ce qui peut avoir des répercussions sur une multitude d’aspects de leur vie.
Voilà qui est extrêmement bien dit. Et je peux certainement saisir cette distinction entre une cérémonie qui marque en quelque sorte un point final et celui du décès résultat d’une disparition que vous venez d’évoquer. Peut-être pourrions-nous donc parler de cela… Que se passe-t-il lorsqu’on ne planifie pas ses funérailles ? Qu’observez-vous dans ce genre de situation ?
Eh bien, certains ont l’impression, notamment avec la multiplication des moyens technologiques, qu’il est tout simplement possible de planifier ou d’organiser, par exemple, une crémation en se servant de son appareil cellulaire. Et, à titre de professionnels des services funéraires de l’ensemble du pays, nous entendons quotidiennement ce genre de remarques : « Eh bien, je pensais que ce serait plus simple. Nous devons tout simplement régler cette question. Pourrions-nous organiser une crémation pour le moment, après quoi nous nous occuperons du reste ? » En n’organisant pas un événement comme des funérailles ou en n’y consacrant pas le temps nécessaire… Mais, comme nous le savons tous, dans ce genre de situation, nous ne pouvons pas tout simplement poursuivre comme si de rien n’était… Lorsque surviennent certains événements, dans notre vie, il est important de marquer une pause. Ainsi, par exemple, il faut régler la succession, il faut s’occuper d’un certain nombre de choses, et rencontrer un professionnel qui peut nous aider à nous y retrouver dans ce processus et nous mettre en rapport avec des ressources, comme des responsables de la planification successorale de RBC peut être utile.
Au fil des ans, j’ai eu l’occasion de travailler avec cette division de RBC. Elle constitue une formidable ressource pour les familles qui ont subi une perte puisqu’il arrive fréquemment que les personnes touchées ne savent pas à qui s’adresser. Elles sont accablées par la perte émotionnelle… Du reste, quiconque a été appelé à remplir les fonctions d’exécuteur testamentaire… Je me rappelle que mon père, lorsqu’on lui a demandé, pour la première fois, de remplir les fonctions d’exécuteur testamentaire, avait estimé qu’il s’agissait là d’un honneur qu’on lui rendait. Mais ce n’est qu’après qu’il a pris conscience de l’envergure du travail que cela pouvait représenter. Cette réalité peut présenter un caractère accablant. Il faut donc prendre un peu de recul pour notamment planifier les événements qui permettront de rendre compte de cette vie, de célébrer, d’honorer et de commémorer. Il faut ensuite s’occuper des formalités du lendemain, comme régler la succession, ce qui peut représenter une somme de travail considérable pour la personne concernée qui, du reste, se retrouvera peut-être seule à assumer cette responsabilité. Il se pourrait également que des conflits surviennent au sein de la famille et que cette question n’ait pas fait l’objet de conversations préalables. Il pourrait y avoir des désaccords quant à la nature même des souhaits. Il faut donc prendre le temps nécessaire pour assimiler cette perte et prendre des décisions de fin de vie appropriées, car elles dureront toute une vie pour les survivants. Il faut donc bien réfléchir à ces questions.
Parlons, si vous le voulez bien, du volet de la planification préalable puisque vous venez de souligner que, lorsqu’on s’abstient d’effectuer cette planification à l’avance, comme je l’ai souligné en ouverture, cela ne fait qu’aggraver les sentiments de chagrin, de perte et de stress. Mais quel genre de choses est-il possible de planifier à l’avance et quels sont, selon vous, les avantages que représente une telle planification préalable ?
Il y a un certain nombre de choses que l’on peut faire. Il est tout d’abord possible de mettre de l’ordre dans sa situation financière. Bien que cela ne soit pas mon domaine d’expertise, je peux affirmer que cet aspect importe, comme on le constate auprès de toute famille qui a pris le temps de rédiger un testament et de préparer un plan financier. La tranquillité d’esprit ou le sentiment de paix que procure aux membres de la famille le fait qu’ils savent que toutes ces questions ont été réglées et qu’ils n’ont pas à s’en soucier est important.
La planification préalable, disons, des choix funéraires ou de ceux qui concernent la fin de vie procure indiscutablement une certaine tranquillité d’esprit à la famille.
J’ai déjà rencontré une famille qui ne savait absolument pas que leur mère avait, au fil des ans, effectué petit à petit tous ses arrangements. À un point tel que sa fille m’a un jour dit : « Non, ce n’est pas possible, vous devez vous méprendre. Jamais notre mère n’aurait-elle fait cela. » En vérité, j’ai littéralement dû retourner le contrat d’arrangement funéraire préalable pour lui montrer qu’y figurait bel et bien la signature de sa mère. Et je lui ai alors dit : « Au cours des années, j’ai discuté avec votre mère en un certain nombre d’occasions. En fait, elle a même tenté de me remettre la robe bleue qu’elle souhaitait revêtir. » Et en voyant cette signature, sa fille m’a tout simplement dit : « Oh ! mon Dieu ! cette robe est accrochée dans le placard. Vous avec donc vraiment parlé à ma mère. Comment aurait-elle pu se permettre cela puisqu’elle n’avait que très peu d’argent ? » En fait, elle avait entrepris d’économiser tous les mois un peu d’argent à cette fin.
Voilà qui constitue un véritable cadeau d’une grande générosité pour ses proches, et dans le cas particulier de cette famille, je me suis permis de dire : « En vérité, cela constitue indiscutablement un don d’amour de votre mère, puisqu’elle ne voulait pas que vous ayez à prendre de telles décisions à un moment déjà fortement chargé d’émotion et stressant. »
Ainsi donc, en intervenant à l’avance…
Organisez-vous pour rencontrer, au sein de votre collectivité, les personnes qui pourraient intervenir auprès de votre famille dans de telles circonstances, collaborez avec vos proches et prenez une décision. S’agit-il là vraiment de gens avec qui vous aimeriez collaborer ? Les consommateurs ont le choix. Au sein de chaque communauté s’offrent de multiples choix car il y a une pléiade de fournisseurs dans le domaine des services funéraires. Rendez-vous sur place. L’événement sera-t-il organisé par votre institution religieuse ? Se tiendra-t-il dans un établissement communautaire ? Se tiendra-t-il plutôt au salon funéraire en tant que tel ? Faites-vous tout simplement une idée de la mesure dans laquelle vous serez bien servi tout en planifiant vos souhaits et en en faisant part de telle sorte que les membres de votre famille puissent les respecter.
Permettez-moi de vous raconter une anecdote. La semaine dernière, j’ai assisté à une répétition de chorale au cours de laquelle le chef de chorale – que je connais depuis des années – a formulé un certain nombre de commentaires liés à la fin de vie alors qu’il a notamment dit : « Eh bien, il se pourrait fort bien que ce soit la dernière année au cours de laquelle je dirigerai ce chœur. » Et sa fille de lui répondre : « Mais voyons, papa, tu en as encore pour cinq ou dix ans. Voyons, ne parlons pas de cela. » Et malgré tout, ce monsieur s’est adressé à moi à plusieurs reprises en me disant qu’il devait venir me rencontrer car il souhaitait s’entretenir de cette question. Mais les membres de sa famille n’étaient pas tout à fait prêts à cette éventualité. Cependant, cette personne se rapprochait de la fin de sa vie et son point de vue était le suivant : « Vous savez, je pense qu’il est réaliste de tenir compte de ce qui est inévitable et de bien nous organiser de telle sorte que nous puissions continuer à vivre en paix et consacrer toutes nos énergies à cela. »
Nous avons également rencontré des familles qui n’avaient pas fait de planification préalable et qui ont été absolument anéanties. Je me suis littéralement retrouvé avec cinq personnes d’une même famille pour leur poser la question suivante : « Quel était le souhait de votre père ? Souhaitait-il être enterré ou incinéré ? » Et ses proches m’ont alors regardé et m’ont dit : « Eh bien, quelle est la différence ? Nous ne savons rien de toutes ces questions. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? » J’ai fourni les explications nécessaires car il se trouve que les professionnels des services funéraires ont pour mission d’éduquer. Ils sont là pour aider les membres de la famille à faire des choix éclairés. Voilà pourquoi il importe tant d’avoir ces discussions au préalable de telle sorte que vous puissiez faire des choix éclairés.
Je me suis donc retrouvé avec les membres d’une famille, une famille qui n’avait pas eu ce genre de discussion, pour leur expliquer tour à tour chacune des options, avant qu’ils en viennent à la conclusion qu’ils pensaient finalement qu’ils choisiraient la crémation. Et c’est alors que l’un des fils a réagi en disant : « Eh bien, non, papa ne m’a jamais parlé de cela. Vous n’allez certainement pas incinérer mon père et je me promets bien de vous poursuivre. » Et cela, avant de se lever et de quitter la pièce.
Cette situation constitue donc une source de stress, alors que le contexte est déjà suffisamment lourd. De sorte que le fait de discuter de ces questions aide vraiment, non seulement sur le plan du deuil, mais également pour permettre de s’occuper des questions comme celles qui consistent à déterminer qui sera en charge et qui sera l’exécuteur testamentaire. Dans chaque province, la personne qui assumera ultimement les responsabilités de l’exécution des volontés du défunt est désignée de manière différente. L’objectif consiste donc à aplanir un processus déjà lourd en discutant de ces questions à l’avance.
Ce qui permet aussi de dissiper toute incertitude en marge de ce processus. Selon vous, qu’aurait voulu la mère ou le père ? Je suis bien consciente du fait que la plupart des familles ne prennent pas de gaieté de cœur le temps de s’asseoir pour parler de ce genre de choses. Lorsqu’ils choisissent d’en parler, c’est probablement parce que la situation l’impose. Cependant, je peux manifestement percevoir l’avantage que représente le fait de dissiper toute incertitude. Et à notre époque il s’offre véritablement à nous une multitude d’options et de choix, comme vous venez de le souligner. Sans compter qu’il faut aussi tenir compte de différences culturelles plutôt marquées quant à la façon dont est célébrée la vie. Et peut-être la façon dont la personne estime que sa vie est célébrée ne cadre-t-elle pas avec la culture ou les pratiques qui pourraient autrement traditionnellement être celles d’une communauté en particulier. Pourriez-vous donc nous dire quelques mots à ce sujet, sur la façon dont vous avez peut-être même perçu certains changements culturels traditionnels, particulièrement depuis la COVID ?
Absolument, et voilà une excellente remarque. Le Canada se caractérise par la multiplicité des cultures que l’on y retrouve. Parmi les Canadiens se trouvent des gens qui ont vécu au Canada toute leur vie et qui y ont construit leur existence. On trouve également des gens qui ont choisi notre pays et qui, pour ce faire, ont dû parcourir la moitié du globe et faire face à des situations dont le niveau de stress échappe même à ce que pourrait imaginer la plupart des Canadiens dans le but précis, justement, de devenir un jour des citoyens canadiens. Il arrive fréquemment que ces gens emportent avec eux leurs rituels et leurs traditions qui, peut-être, concernent la foi, voire la culture. Il faut aussi tenir compte de collectivités comme celles des premières nations canadiennes, qui sont imprégnées de cultures et de rituels en ce qui concerne la disparition et la mort.
Je me suis déjà retrouvé en présence d’une famille dont la fille m’a tenu les propos suivants : « Eh bien, pour dire vrai, ma mère et mon père étaient bouddhistes. Cependant, je suis catholique et mon mari est athée. Pouvons-nous donc nous organiser pour que les moines viennent le mercredi soir, qu’une messe se déroule à l’église le jeudi matin, et que nous procédions ensuite à la crémation ? Et je suppose que mon mari a son point de vue bien à lui quant à ce que nous allons faire. Comment allons-nous nous y prendre, Jeff ? » Voilà une question qui n’est pas simple…
Ou quelqu’un m’a déjà dit : « Eh bien, la chanson préférée de ma mère était « Wind Beneath my Wings », de Bette Midler. Et oui, le service aura bien lieu à l’église orthodoxe grecque. » Et il se trouve que, comme cette fille n’avait pas été à l’église récemment, voire peut-être n’y avait-elle même jamais été, ce genre de musique ne convient pas à une cérémonie funéraire se déroulant à l’église.
Il faut donc agir sur le plan de l’éducation quant aux choix possibles.
Depuis la COVID, nous avons observé une évolution, des changements touchant la technologie et nous voyons les familles qui, encore récemment ne pouvaient se déplacer ou étaient assujetties à des restrictions quant au nombre de personnes présentes s’efforcer de continuer à honorer les traditions religieuses ou culturelles, en tenant également compte des moyens technologiques.
Permettez-moi de vous donner deux exemples. L’un des événements les plus compliqués que nous avons vécus pendant la COVID concerne une famille anglicane dont le prêtre anglican vivait dans une province relativement éloignée. Celui-ci avait dit qu’il ne se déplacerait pas. Les présences étaient limitées à 35 personnes. La cérémonie était interactive, ce qui signifie que le prêtre disait quelque chose, récitait une prière, et que les fidèles présents devaient y répondre. Il y avait également un hommage vidéo de trois chansons, deux musiciens sur place, la diffusion de deux pièces enregistrées, le tout devant être diffusé en direct à travers le monde. Eh bien, pour dire vrai, c’est ainsi que les choses se sont passées. J’ai pris les moyens nécessaires pour qu’une telle chose puisse se concrétiser.
Nous rendons donc toujours honneur aux traditions religieuses et nous avons organisé des visites ou des cérémonies en vue d’honorer la tradition qui ont donné lieu à l’utilisation de moyens technologiques. Il est déjà arrivé qu’une fille organise une visite pour toute sa famille et qu’elle se présente seule sur les lieux. Je lui ai alors posé la question suivante : « Souhaitiez-vous attendre l’arrivée des autres membres de la famille ? » Elle a alors brandi son iPad et m’a répondu : « Nous sommes tous prêts à commencer. » Et elle a alors communiqué avec chacune des personnes concernées, en établissant une connexion au moyen d’une plateforme comme FaceTime, et en offrant à chacune d’elles l’occasion de voir leur père et de lui dire au revoir. Ensuite, à la toute fin, elle a réuni tout le monde et ils ont entonné une chanson familiale. Voilà en quoi a consisté la cérémonie funéraire, soit cette cérémonie et la crémation.
Nous avons eu recours à la technologie il y a trois semaines à peine. Nous avons organisé un service pour une personne décédée relativement jeune, dans la vingtaine. Le prêtre a alors tenu les propos suivants, alors que son image était projetée à l’avant sur un grand écran : « J’aimerais attirer l’attention de chacun d’entre vous sur le fait que nous souhaitons normalement que vous éteigniez vos dispositifs personnels, j’entends par là vos téléphones, avant que ne débute le service. Cependant, aujourd’hui, j’aimerais que vous vous en munissiez. D’accord ? Très bien, j’aimerais que vous le preniez. Vous êtes prêts ? Tout le monde a son téléphone bien en main ? J’aimerais que chacun d’entre vous trouve votre photo favorite qui évoque un souvenir qui vous est cher avec cette personne. Et j’aimerais que vous brandissiez votre téléphone, que vous cliquiez sur ce lien, ce qui vous permettra de faire apparaître cette photo, assortie d’une petite légende sur l’écran qui se trouve ici en face de nous tous. Et toutes les personnes présentes pourront également voir cela. » C’est un peu comme si nous nous retrouvions à participer à une commémoration de la vie et à rendre hommage à cette personne. Cette cérémonie a été particulièrement touchante pour cette famille puisque leur fils avait été joueur de hockey semi-professionnel. Et depuis l’âge de 14 ans, comme son père me l’a dit : « Notre fils a été élevé par d’autres gens puisqu’il a fait le tour du monde. » Et de rajouter : « Tous ces souvenirs que partagent avec nous ces gens nous permettent de croire que, si nous avons toujours pensé avoir élevé un bon fils, nous en avons sous les yeux une preuve indéniable, et nous nous sentons absolument bénis. »
Voilà donc une situation dans laquelle la technologie a pu s’intégrer à un contexte de deuil et constituer une source de réconfort et de soutien.
Mais, en effet, il est possible d’incarner les différentes traditions ethniques par la technologie, bien que nous ayons connu une évolution importante. Jadis, lorsque survenait un décès, chacun pouvait se recueillir pendant plusieurs jours autour d’un cercueil. Nous nous rendions dans une institution religieuse, tout le monde était calme et personne ne parlait. Il y avait ensuite une réception. Aujourd’hui, j’ai récemment entendu un fils me dire ceci : « Mon père a demandé qu’il n’y ait pas de funérailles. Comme il ne voulait pas que l’on se complique la vie pour lui, je suppose que nous allons tout simplement organiser une crémation. »
Dans ce cas particulier, je pouvais observer que la famille avait besoin de faire quelque chose. J’ai donc suggéré au fils – en sachant qu’il s’agissait de gens qui travaillent fort – d’aller se dégourdir les jambes en l’invitant à venir se joindre à moi pour aller marcher un peu. Nous nous sommes dirigés vers l’aire de réception. Nous nous y sommes arrêtés et je l’ai invité à m’en dire plus sur son père, en lui demandant de me le décrire. Et il m’a alors répondu : « Je ne sais pas dans quelle mesure cela est pertinent. Je dois tout simplement organiser la crémation. » Je lui ai alors dit ceci : « Eh bien, je n’ai pas eu le privilège de rencontrer votre père, mais si j’avais la chance de jeter un coup d’œil à une photo sur papier glacé de format 8 po sur 10 po sur laquelle se retrouveraient les principaux éléments de sa vie, qu’est-ce que j’y verrais ? » Et le fils de me répondre : « Je ne sais pas. Mon père aimait passer du bon temps. En vérité, je ne sais pas. » Je lui ai alors demandé à quoi ressemblait la journée idéale pour lui. Il me répondit qu’il aimait être entouré de ses amis et de sa famille, qu’il aimait se retrouver devant son grill pour cuisiner des hamburgers et des hot-dogs pour tout le monde. Il avait une bière à la main et il portait ce petit chapeau ridicule qu’il arborait toujours lorsqu’il cuisinait. Nous riions et nous racontions des histoires et il avait toujours à portée de main, dans un coin de la pièce, l’un de ses juke-boxes préférés (il collectionnait les juke-boxes). Je lui ai alors dit : « Très bien. Écoutez-moi un instant. Nous offrons de quoi manger. Nous servons de la bière. Nous allons aller chercher le grand barbecue de votre père, nous l’installons sur le patio, nous faisons cuire des hamburgers et des hot-dogs, et nous installons également son jukebox favori dans un coin. Nous faisons jouer de la musique. Nous nous assurons également de la présence d’un maître de cérémonie qui raconte certaines de vos histoires de famille. » Et le fils m’a alors répondu qu’il devait réfléchir à cette proposition. Le lendemain, il m’a rappelé pour me dire qu’il pensait vraiment que je lui avais soumis une proposition intéressante et que sa sœur estimait qu’il s’agissait d’une bonne idée.
L’événement s’est bien déroulé et, alors qu’il sortait de la pièce, le fils a donné un petit coup sur le cadre de la porte et a déclaré qu’il s’agissait là des meilleures funérailles auxquelles il n’avait jamais assisté. Je lui alors rappelé que nous avions dit que jamais nous n’utiliserions ce terme… Il m’a répondu que je pouvais employer le terme de mon choix pour décrire cet événement, en soulignait que la seule chose qu’il regrettait était… que son père ne puisse être présent. Je lui ai répondu que pour moi il n’était pas absent, qu’il était bel et bien là, en l’enjoignant à en préserver la mémoire et à lui faire honneur. Je me suis également permis de lui souligner que son père donnait l’impression d’être une personne que j’aurais beaucoup aimé rencontrer. Le fils me répondit qu’il regrettait que je n’aie pu le rencontrer car nous nous serions très bien entendus tous les deux puisque son père aimait beaucoup rire.
Il existe donc une multitude de façons différentes d’honorer…
Absolument.
Bien. Et peut-être peut-on présenter cette réalité en soulignant qu’il n’y a désormais plus de façon de faire préétablie. Qu’en est-il des options « vertes », si vous me permettez cette expression, ou respectueuses de l’environnement ? Quelle tendance observez-vous à cet égard ?
En vérité, les solutions « vertes » constituent un véritable sujet de discussion avec les familles qui souhaitent en savoir plus à ce sujet, plusieurs d’entre elles étant d’avis que l’embaumement ne constitue pas une solution écologique et préférant ne pas procéder de cette façon. En fait, il existe des méthodes d’embaumement écologiques et le terme « embaumement » en soi n’a pas de mauvaise connotation. En effet, l’embaumement constitue une préservation temporaire de la forme et des couleurs naturelles de telle sorte que les familles puissent avoir un souvenir aussi positif que possible au moment de leurs ultimes adieux. Et à cet égard sont prévues des approches écologiques, des solutions à base d’alcool, des choses de cette nature.
En ce qui concerne encore une fois ces solutions vertes, il existe des cercueils en osier et on retrouve à travers le monde des endroits où l’on enterre le défunt, pour ensuite planter un arbre à cet emplacement. Il y a donc des options de ce genre. Elles ne sont pas extrêmement courantes, mais la quasi-totalité des fournisseurs de soins funéraires au Canada les offrent dans la mesure où ils ont prévu des options écologiques, qu’elles concernent l’utilisation de papier recyclé ou toutes sortes de possibilités différentes.
Au Canada, rares sont les cimetières où il est possible d’organiser un enterrement écologique. Il y en a un certain nombre sur l’île de Vancouver, mais il s’agit là indiscutablement d’une avenue qui attire l’attention des consommateurs.
Cependant, j’ai récemment demandé à un fournisseur de soins funéraires qui offrait aux familles des cercueils en osier et une multitude d’autres solutions en matière de cercueils ou de contenants de crémation si ces options connaissaient beaucoup de succès. Il m’a répondu non, en soulignant cependant que tout le monde souhaitait malgré tout pouvoir envisager ce genre de solution. Mais en fait très peu de familles faisaient ultimement un tel choix. J’estime néanmoins qu’il s’agit là d’un secteur qui présente du potentiel alors que les consommateurs se familiariseront de plus en plus avec ces options. Des options écologiques sont donc indéniablement offertes au Canada.
Eh bien, Jeff, nous avons eu un entretien absolument fascinant, et je ne doute pas un instant que je n’ai abordé que certaines des multiples questions que j’aurais pu vous poser tant au sujet des changements que vous observez que de l’ensemble des aspects relatifs à la planification préalable dont nous pouvons désormais nous prévaloir. Cependant, si vous deviez formuler le souhait que les personnes qui nous écoutent aujourd’hui ne retiennent qu’un seul aspect de notre entretien, quel serait cet aspect ?
La réponse est simple : abordez le sujet. Parlez aux personnes qui comptent le plus pour vous. Si tel est votre souhait, prenez l’initiative de vous adresser à un professionnel et efforcez-vous de faire connaître vos souhaits en les consignant par écrit. Les choix relatifs à la fin de vie préalables nous permettent de nous libérer l’esprit de manière à être présents aux moments de notre existence qui importent vraiment. Tel serait le message le plus important. L’une des principales leçons que ce travail m’a permis d’apprendre est la suivante : vivez à fond chaque moment. J’ai eu la chance d’avoir un père qui incarnait ce principe. Il faisait en sorte que chaque moment compte. Et même si mon père est décédé en 2018, je peux simplement fermer les yeux et revenir à différents moment de notre vie ensemble… Il a fait en sorte que ces moments comptent.
En ayant cette conversation, vous vous rendez disponibles pour honorer et vivre l’instant présent, ce qui importe tant à notre époque où nous devons tous nous soucier de la technologie et où tout change autour de nous à un rythme effréné. Faites en sorte que chaque moment compte. Soyez présents.
Voilà d’excellents conseils. D’excellents conseils dans ce domaine et de manière plus générale encore.
Permettez-moi donc de vous remercier, Jeffrey, de vous être joint à moi aujourd’hui pour parler de certains de ces aspects qui concernent notre planification de fin de vie et de services funéraires. En plus de traiter de l’évolution des tendances et des traditions que connaît le secteur, et des raisons pour lesquelles tout cela importe au-delà de la richesse.
Merci beaucoup. Je suis reconnaissant de consacrer du temps à éduquer les personnes qui vous écoutent. Prenez soin de vous.
Vous pouvez en apprendre plus sur Jeffrey Weafer et cette question en consultant les sites fsac.ca (en anglais) ou arbormemorial.ca/fr. Si vous avez aimé cet épisode et si vous souhaitez contribuer à appuyer notre balado, je vous invite à en faire part à d’autres personnes, à en parler sur les médias sociaux, ou encore à donner une note et à rédiger une critique. Mon nom est Leanne Kaufman et j’ai très hâte de vous retrouver lors de notre prochain balado. Merci d’avoir été des nôtres.
Orateur final :
Qu’il s’agisse de planifier votre succession ou les besoins de votre famille ou de votre entreprise, ou de bien remplir votre rôle d’exécuteur testamentaire (appelé liquidateur au Québec) de la succession d’un être cher, nous pouvons vous guider, aplanir les difficultés et soutenir votre vision. Faites équipe avec RBC Trust Royal afin que les générations futures profitent longtemps de votre legs. Laissez un héritage, pas un fardeau™. Allez à rbc.com/trustroyal.
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